Un lac envahi par des fermes flottantes en Birmanie

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Sur son bateau en bois, Nyunt Win navigue entre les rangées de son potager flottant pour récolter les tomates qui font la renommée du lac Inle, joyau de la biodiversité en Birmanie.
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Le site naturel, reconnu par l’UNESCO, abrite des dizaines de champs flottants, cultivés selon une technique de maraîchage introduite sur place dans les années 1960.
Le paysage, avec les collines du nord de l’État Shan en arrière-plan, attirait des milliers de touristes avant le coup d’État de 2021.

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Mais les habitants et les autorités craignent que le développement incontrôlé de l’agriculture n’étouffe lentement le lac Inle, avec des rejets chimiques et des déchets végétaux à la dérive qui rongent sa superficie.
« Nous ne sommes pas riches, mais c’est suffisant pour vivre », assure Nyunt Win, qui gagne jusqu’à 30 000 kyats (14 euros) pour environ 16 kg de tomates.
Les cultures reposent sur un lit formé par l’accumulation de jacinthes d’eau, complétée par de la terre et d’autres composants essentiels au développement des pousses.

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Lorsque ces assemblages commencent à pourrir, ils sont laissés à l’abandon et durcissent, contribuant au rétrécissement de la surface du lac Inle, dont les capacités naturelles de filtrage sont dépassées par la croissance de l’agriculture flottante.
La superficie des zones exploitées a été multipliée par six entre 1992 et 2009, selon les données du gouvernement birman.
Les fermes flottantes « détruisent » le lac, a déclaré à l’AFP un responsable du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Irrigation, sous couvert d’anonymat.

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Les autorités n’ont pas les ressources nécessaires pour poursuivre leurs efforts et endiguer le problème, explique-t-il.
Produits chimiques
Des agriculteurs comme Nyunt Win réfutent cette explication et pointent du doigt leurs collègues du continent, accusés d’avoir contribué à l’envasement du site en raison de décennies d’agriculture sur brûlis.
«Quand j’étais jeune, pour atteindre le fond de l’eau, j’avais besoin d’une perche en bambou d’environ 3,50 mètres», explique Nyunt Win.
Désormais, pendant les mois secs de l’été, il peut ramasser « des poignées de terre » à mains nues, décrit-il.

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La dégradation de l’environnement entraîne également des tensions entre agriculteurs et pêcheurs, dues à l’utilisation massive de produits chimiques qui polluent l’eau.
«Quand j’étais enfant et que j’allais à l’école, l’eau du lac n’était pas aussi malsaine. (…) Aujourd’hui, beaucoup de poissons bons à manger ont disparu», raconte Nay Tun Oo, un pêcheur de 24 ans.

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Un rapport des Nations Unies de 2017 a constaté une « surutilisation considérable » d’engrais chimiques et de pesticides au détriment de l’écosystème fragile qui abrite de nombreuses espèces de poissons et d’oiseaux.
L’augmentation des nutriments favorise la prolifération d’espèces envahissantes, souligne ce rapport.
Le rétrécissement du lac et les préoccupations environnementales pourraient effrayer les touristes, craignent les entrepreneurs locaux.

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« Pas d’étrangers »
Le lac Inle, reconnu depuis 2015 comme réserve de biodiversité par l’UNESCO, est considéré comme l’un des sites les plus attractifs pour les touristes de Birmanie.
Plus d’un million de Birmans et environ 200 000 visiteurs étrangers s’y rendaient chaque année avant la pandémie de coronavirus.
Le pays a depuis rouvert ses frontières, mais le conflit interne consécutif au coup d’État de février 2021 a dissuadé les touristes de venir.

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Le lac Inle se trouve dans le sud de l’État Shan, où des affrontements ont éclaté fin octobre près de la frontière chinoise entre la junte et des groupes ethniques minoritaires.
Sur place, la population qui dépendait du tourisme déplore les hôtels vides.

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« Cela fait déjà trois ans et aucun étranger ne vient ici », a déclaré à l’AFP Kyaw Kyaw, 38 ans, propriétaire d’une bijouterie.
Certains de ses employés apprennent des langues étrangères dans l’espoir de trouver du travail hors de Birmanie, tandis que d’autres deviennent menuisiers.
« Nous sommes heureux de vivre ici », déclare Shi Thu Win, un agriculteur. Mais « nous sommes aussi inquiets du lac qui est en train de disparaître ».
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