Un an après, l’exil sportif de la Russie divise plus que jamais


Un an après l’invasion de l’Ukraine, la possible réintégration du sport russe menace de créer la plus grande dissension au sein du Mouvement olympique depuis la guerre froide.

La Russie reste exclue de plusieurs événements sportifs internationaux, mais cela pourrait bientôt changer. Les Jeux olympiques d’été de 2024 à Paris approchent à grands pas et les épreuves de qualification sont déjà en cours. Le Comité international olympique (CIO) cherche à ramener des athlètes de Russie et de son allié biélorusse dans les compétitions, mais tous ne sont pas d’accord.

Si les Russes doivent être réadmis, le monde du sport doit répondre à deux questions essentielles, qui se sont rapidement posées dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine : comment réadmettre les athlètes russes sans s’aliéner les Ukrainiens ? Et que peut-on faire des Russes pour soutenir cette guerre ?

Alors que les premières batailles font rage, l’équipe d’escrime ukrainienne refuse d’affronter les Russes dans un tournoi en Égypte. Au lieu de cela, elle s’est présentée avec des affiches qui disaient : « Arrêtez la Russie ! Arrêter la guerre! Sauvez l’Ukraine ! Sauvez l’Europe ! « .

Un an plus tard, l’un des plus grands obstacles au retour de la Russie dans le giron sportif est l’insistance de l’Ukraine, qui menace de boycotter tout événement au lieu de donner à son ennemi une opportunité de propagande ou de traumatiser davantage ses athlètes déjà touchés par la guerre. D’autres pays européens ont également parlé de boycotter les Jeux olympiques si les Russes peuvent y participer.

Le dernier boycott olympique majeur a eu lieu il y a plus de 40 ans, lorsque les États-Unis et plus de 60 alliés ont sauté les Jeux d’été de Moscou en 1980. L’Union soviétique et ses alliés ont riposté en boycottant les Jeux de Los Angeles quatre ans plus tard.

Les actions individuelles de certains athlètes font également partie du débat. Le gymnaste russe Ivan Kuliak a apposé un « Z » sur sa poitrine, imitant le symbole utilisé sur les véhicules militaires du pays, alors qu’il se tenait aux côtés du vainqueur ukrainien sur le podium lors d’une compétition au Qatar, en mars dernier. Il a été suspendu pendant un an.

Le CIO déclare maintenant qu’il ne soutiendra le retour d’aucun athlète de Russie qui « a agi contre la mission de paix du CIO en soutenant activement la guerre en Ukraine », mais n’a pas défini exactement ce que cela signifie.

Les organisations sportives ont réagi rapidement à l’invasion de l’Ukraine. Au lendemain des premières manœuvres, la Russie s’est retirée de l’organisation de la finale de la Ligue des champions de football ainsi que de son Grand Prix de Formule 1. Après quatre jours, le CIO a recommandé de ne pas admettre d’athlètes de Russie et de Biélorussie pour « protéger l’intégrité des compétitions sportives et assurer la sécurité des participants ».

L’équipe nationale de football russe participait alors aux éliminatoires de la Coupe du monde, mais la Pologne a refusé de les jouer. La Russie a ensuite été expulsée de la compétition, quatre ans après avoir accueilli l’événement et atteint les quarts de finale.

Avec les Jeux de Paris à l’horizon, le CIO a maintenant changé son message, affirmant que son rôle est d’éviter la discrimination fondée sur la nationalité et de créer un moyen pour les Russes et les Biélorusses de participer en tant qu’athlètes neutres, sans symbole national. Les problèmes de sécurité seraient évités si ces athlètes pouvaient participer à des compétitions organisées en Asie, y compris les Jeux asiatiques en Chine, qui serviront de qualifications olympiques.

Le CIO cite le tennis, où les hommes et les femmes des circuits professionnels peuvent participer sans symbole national. La Biélorusse Aryna Sabalenka a remporté l’Open d’Australie le mois dernier. Les Russes et les Biélorusses sont cependant exclus des compétitions entre équipes nationales, comme les Coupes Davis et Billy-Jean-King. Ils ont également été bannis de Wimbledon en 2022.

La Russie est menacée de voir ses athlètes exclus de chaque édition des Jeux Olympiques depuis le scandale de dopage aux Jeux de Sotchi en 2014.

L’Ukraine est farouchement opposée au retour à la compétition des athlètes russes et biélorusses, notamment en vue des JO. L’Ukraine affirme que plus de 220 de ses athlètes ont été tués pendant le conflit et que des centaines d’installations sportives sont en ruines. Elle rappelle qu’il existe des précédents : l’exclusion de l’Allemagne et du Japon des Jeux de 1948, après la Seconde Guerre mondiale.

Plus tôt en février, à la suite d’un sommet des ministres des sports et des dirigeants de 30 pays, ces représentants ont publié une déclaration commune pleine de scepticisme quant au processus de neutralité proposé par le CIO. Ces signataires sont particulièrement soucieux que les athlètes des branches militaires puissent participer aux compétitions. Le CIO a déclaré mardi qu’il trouvait les questions « constructives », mais que ces 30 nations n’avaient pas pris position sur une éventuelle discrimination.

Le temps presse pour que le CIO trouve une solution s’il souhaite donner aux athlètes de Russie et de Biélorussie la possibilité de participer aux qualifications olympiques.

Dans un communiqué publié mercredi pour marquer la première année de l’invasion, le CIO n’a pas mentionné ses efforts pour réintégrer ces athlètes, mais a déclaré que « les Jeux olympiques pourraient promouvoir une compétition pacifique » entre athlètes, citant notamment la Corée du Nord et du Sud, ainsi qu’Israël. et Palestine.

« Les efforts de paix nécessitent un dialogue », a écrit le CIO. Une compétition dans laquelle les athlètes respectent la Charte olympique peut servir de déclencheur au dialogue, toujours le premier pas vers la paix. »

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