Soins à domicile | « On barre le passage aux gens qui sont là »

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(Québec) En pleine pénurie, les aides familiaux qui offrent des services de maintien à domicile ne peuvent presque plus travailler en raison de nouvelles règles administratives. Ces salariés doivent désormais posséder une voiture.
Une trentaine de salariés de l’entreprise Progressive Services ont vu leurs horaires de travail fondre comme neige au soleil avec l’entrée en vigueur, en octobre, d’une procédure qui modifie la manière dont les contrats sont attribués aux agences pour l’emploi en soins à domicile.
« Ce n’est pas ma compétence qui est en cause », argumente Marie-Suzie Paul, préposée aux bénéficiaires de 69 ans.
« J’ai toujours travaillé sans voiture et cela n’a jamais posé de problème (…). On est à Montréal, en 2023, on a un réseau de transport en commun qui fonctionne, vraiment, je ne comprends pas», déplore la femme qui habite Saint-Léonard. « C’est un luxe d’avoir une voiture aujourd’hui. »
M.moi Paul, employé de Progressive Services depuis 2008, travaillait en moyenne 25 heures par semaine. Elle pourrait rendre visite à trois ou quatre usagers par jour – dont certains qu’elle soigne depuis deux ans – voyageant entièrement en transports en commun, explique-t-elle.
L’employeur, qui dessert environ 2 600 usagers dans l’est de Montréal, a toutefois dû retirer sa liste d’usagers. La raison ? Les CLSC exigent que les travailleurs d’agence affectés aux soins à domicile disposent d’une voiture.
Le préposé aux bénéficiaires n’a donc travaillé que trois heures au cours des deux dernières semaines.
Je ne sais pas comment je vais continuer. Je veux continuer à travailler, j’en ai encore la force. On dit qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre, mais les gens qui sont là-bas ne peuvent pas y arriver.
Marie-Suzie Paul, préposée aux bénéficiaires
À son âge, pas question pour elle d’intégrer le réseau public.
Son patron déplore également la situation : «C’est un cas tellement classique où on voit que la machine se réforme en éjectant complètement l’aspect humain», affirme le directeur général Patrice Lapointe, qui est aussi président de l’Association des entreprises privées de personnel en santé du Québec ( EPPSQ).

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Patrice Lapointe, président de l’Association des entreprises privées de personnel en santé du Québec
Le gouvernement Legault a adopté au printemps dernier une loi visant à éliminer les travailleurs autonomes du réseau de la santé. Nous souhaitons y parvenir d’ici 2026, et dès l’année prochaine dans les grands centres urbains comme Laval et Montréal.
Dans la foulée de la transition, un premier contrat d’embauche de personnel d’agence a modifié les règles habituelles du maintien à domicile.
Jusqu’à présent, un établissement de santé confiait un volume d’usagers à desservir à l’entreprise privée, chargée d’organiser les services. Avec les changements, l’entreprise doit plutôt « prêter » son personnel au CLSC, qui donne aux travailleurs les consignes à suivre.
La presse a fait état au début du mois des inquiétudes des comités d’usagers et de l’industrie qui craignent des interruptions de service.
Au 9 septembre, 21 000 Québécois attendaient un premier service de maintien à domicile.

Transport public
Dans le cas de Progressive Services, l’entreprise a réussi à élaborer des listes d’usagers à desservir en utilisant les transports en commun puisqu’un grand nombre de ses employés ne possèdent pas de voiture. Lors de la reprise du service, le CIUSSS n’a pas conservé ces listes.
«Nous nous sommes rendu compte que les itinéraires qui étaient envoyés aux agences étaient souvent réorganisés pour répondre à la disponibilité de leur personnel», a écrit le porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal dans un courriel. , Carl Boisvert.
« Cela a eu un impact sur la stabilité des horaires et sur la (main-d’œuvre indépendante) qui servait nos usagers », ajoute-t-on. Par ailleurs, « la quasi-totalité » des travailleurs des réseaux domestiques ont également « une exigence de véhicule requise dans leur poste », explique l’établissement.
Nous adaptons ces exigences en fonction des territoires, mais dans certains secteurs, il apparaît encore difficile de se déplacer en transports en commun.
Carl Boisvert, porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
Le CIUSSS soutient que, « tel que prévu au contrat actuel », il a « le droit de demander des missions avec utilisation de véhicule tout en remboursant le kilométrage parcouru ». On rappelle également que les entreprises privées « soumissionnent en connaissance de cause ».
L’établissement assure que « les questions liées aux déplacements dans le nouveau contrat » n’ont jamais été soulevées par les agences.
« Organisé en catastrophe »
M. Lapointe voit en revanche les effets d’une transition « organisée comme une catastrophe » et d’une « hypercentralisation où on uniformisera » la prestation des soins plutôt qu’en fonction de « la réalité propre à chacun ».
« Nous prenons des services dans une zone où nous pouvions le faire en transports en commun. Maintenant, on ne peut plus parce que c’était trop compliqué d’un point de vue administratif », dénonce-t-il, affirmant que ce sont « les patients qui en paient le prix ».
Il rapporte que dans les premières semaines d’octobre, les appels se sont multipliés alors que les usagers et leurs familles avaient du mal à expliquer l’arrivée de nouveaux soignants. Certains disaient ne pas avoir le service ou tentaient en vain de contacter le CLSC, énumère-t-il.
« Une de mes patientes m’a dit qu’elle ne recevait pas les services auxquels elle était habituée. Ce sont des gens nouveaux ou pas de services du tout, eux aussi sont dans le néant », raconte Marie-Suzie Paul. La presse n’a pas pu contacter cet utilisateur en question.
Le CIUSSS assure que « 100 % des demandes d’affectation avec véhicule sont acceptées par les organismes contractuels, ce qui n’a pas et n’entraîne aucune panne de service ou problème particulier ».
Selon l’établissement, le nouveau contrat entraîne au contraire « une valeur ajoutée dans la qualité des services aux usagers » alors que le CIUSSS gère lui-même « l’horaire des travailleurs, en les accueillant, et en leur offrant le soutien clinique nécessaire », écrit-on. .
En novembre, le cabinet de la ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, indiquait qu’il n’y avait aucun « moyen d’assurer la qualité des services offerts et la qualification du personnel » en octroyant des contrats. en externalisant.
Il a alors été affirmé que la « priorité » est de faire en sorte que la « transition se passe bien ». Une réunion entre le cabinet de Mmoi Bélanger et l’EPPSQ a eu lieu en septembre.
Pénurie de main d’œuvre
L’un des objectifs du gouvernement Legault avec sa loi est de réintégrer les travailleurs intérimaires dans le giron du public et surtout de ralentir leur exode vers le privé.
La ministre Sonia Bélanger a également lancé un projet visant à réduire le fardeau administratif des employés affectés aux soins à domicile. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal participe également au projet pilote visant à améliorer l’offre de soins.
Dans une étude publiée en janvier 2022, l’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS) concluait que les soins à domicile sont l’un des secteurs où la « dépendance structurelle » à l’égard des agences de placement est la plus forte.
L’EPPSQ réclame un meilleur encadrement du recours aux agences de placement en santé, mais s’oppose à leur abolition.
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