Sébastien Menesplier : « On va faire un pas en avant dans la mobilisation »

La fédération CGT mines-énergie a lancé vendredi la grève reconductible, au moment où le Sénat a entamé la discussion sur les régimes spéciaux. Le dimanche 5 mars, plus de 5 800 MW ont été « retirés du réseau ». Un « début » avant une « semaine noire ».

Comment réagissez-vous à la décision du Sénat d’entériner samedi la fin des régimes spéciaux pour les nouveaux embauchés ?

C’est lamentable et démagogique. L’exécutif et les 233 sénateurs qui ont voté cet article tentent de faire croire que nos métiers ont changé, que les jeunes entrant dans les métiers de l’énergie et du gaz n’auront pas les mêmes difficultés.

Ce sont les mensonges de ceux qui ne connaissent rien au monde du travail, et rien à nos métiers. Sauf qu’ils oublient que la filière nucléaire, avec la construction de six EPR, devra embaucher au moins 4 000 agents par an pendant cinq ans. Or, cet article nuit à l’attractivité de nos métiers et met en péril la relance du nucléaire.

La production d’électricité a diminué de l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires. Comment va se passer la « semaine noire » ?

Cette semaine a commencé le vendredi 3 mars avec la chute de la production d’électricité dans le nucléaire, mais aussi dans le thermique. Des usines ont été fermées dans l’hydraulique. Cela a duré tout le week-end et se poursuivra ce lundi.

Le 7 mars sera l’occasion de franchir une nouvelle étape. Son succès est déjà acquis. Les grèves vont être extrêmement massives, avec une pléthore d’actions. Blocages et occupations de sites stratégiques sont prévus. Il y aura des réductions de production d’électricité et de gaz avec le non-rejet des terminaux méthaniers. Nous aurons également des camions et des véhicules immobilisés, ainsi que des coupes ciblées. Nous ne manquons pas d’imagination…

L’après-7 mars est déjà en construction avec plusieurs fédérations CGT de secteurs dits « stratégiques ». L’objectif affiché est de mettre « l’économie française à genoux » sans attendre l’intersyndicale confédérale. Pour quelle raison ?

Nous avons essayé de nous coordonner pour donner un nouvel élan aux territoires, avec les autres métiers : cheminots, ports et docks, chimie, services publics… Là aussi, notre volonté est de faire un pas en avant.

Nous avons ressenti ce besoin d’avoir une CGT qui commence ensemble et qui s’arrête ensemble, pour gagner, plutôt qu’une CGT dispersée, avec des dates un peu différentes, comme nous l’avons vécu en 2018 ou 2019. Cette union était attendue par nos militants car, en agissant dans ce façon, nous sommes plus forts dans l’action.

Depuis, d’autres professions nous ont rejoints : la fédération de la construction et celle du commerce. C’est aussi un moyen de rythmer la grève reconductible, en complément des initiatives prises par l’intersyndicale nationale. Nous souscrivons également à l’appel du secrétaire général de la CGT qui, à plusieurs reprises dans les médias, a appelé à des grèves renouvelables dans les entreprises.

Fabrice Coudour, le porte-parole de votre fédération, s’est dit « capable de tout » pour « aller encore plus loin », qu’entendez-vous par là ?

Le vote qui a eu lieu sur l’article 1 ne laisse guère d’illusions sur l’article 7. Jusqu’à présent, nous nous sommes mobilisés au mieux, en respectant nos outils de travail, en aidant les personnes touchées par la précarité énergétique.

Si le gouvernement reste retranché, nos agents iront plus loin. Ce nouveau cap va mettre l’économie en difficulté. Avec des problèmes d’approvisionnement dans les stations-service, et dans les magasins de produits de première nécessité. Le gouvernement ne pourra pas nous ignorer et ne pas entendre ce qui se passe.

Le blocage de l’économie est plébiscité par les Français. Cela n’a pas toujours été le cas. Est-ce un point d’appui ?

Nous sommes sur le point d’entrer dans une nouvelle ère, avec le soutien des citoyens. La population est désormais de notre côté, aux côtés des grévistes. Elle ouvrit les yeux.

Ce soutien indéniable, nous espérons qu’il perdurera et même s’intensifiera. C’est extrêmement encourageant pour les nombreux grévistes qui perdent de l’argent depuis janvier. Cela permettra d’amplifier la mobilisation.

Pour l’instant, le gouvernement reste aveugle. Cette attitude est d’autant plus grave qu’elle fait le jeu de l’extrême droite, en incitant les Français à fuir les urnes. Nous savons que les prochains jours seront décisifs. Tous les signaux sont au vert. Le retrait du projet de réforme des retraites est réalisable.


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