Réforme de la santé : après 15 ans d’expérience, les leçons de l’Alberta pour le Québec


Le 15 mai 2008, le ministre de la Santé de l’Alberta, Ron Liepert, annonce, sans crier gare, le début d’une petite révolution : les neuf agences régionales en charge de la gestion des soins de santé seront regroupées sous une marque unique.

Services de santé de l’Alberta, ou Services de santé de l’Alberta (AHS), l’entité qui en résulte, est la première agence de santé centralisée au Canada. Elle emploie aujourd’hui plus de 112 000 personnes et gère les hôpitaux de la province, ainsi que des services de laboratoire et plus de 28 000 lits de soins de longue durée.

Nous avions 12 PDG qui gagnaient chacun plus d’un million de dollars.dit l’ancien ministre, aujourd’hui sous-ministre fédéral Colline de signal de Calgary. Nous avons apporté des économies d’échelle, notamment avec une entité unique qui négociait les prix. Deuxièmement, nous sommes passés de 12 systèmes informatiques qui ne se parlaient pas à un seul système.

La Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse ont emboîté le pas par la suite, et le Québec s’apprête à faire de même. Ce modèle n’est cependant pas une garantie de résultats, comme l’affirme Jean-Louis Denis, professeur de politiques et gestion de la santé à l’Université de Montréal.

Dans un rapport commandé par le commissaire à la santé et au bien-être du Québec, il compare l’organisation des systèmes de santé des provinces canadiennes. Il est difficile de juger de l’efficacité relative des différents modèles d’autorité de gouvernance centralisée, a-t-il déclaré dans une interview. La compétence des managers et leur degré d’autonomie sont tout aussi importants que le mode d’organisation choisi.

L’indépendance, clé du succès

Nous n’avons pas le meilleur système au Canada, seulement dans certains domaines. C’est en partie parce que nous avons eu 15 ans d’ingérence constante des gouvernementsdéplore le directeur du Centre for Health Policy de l’Université de Calgary, Tom Noseworthy.

Tom Noseworthy a occupé plusieurs postes au sein du réseau de la santé publique. Il a reçu l’Ordre du Canada en 2008 et enseigne à l’Université de Calgary.

Photo : Radio Canada

En 2013, après des années d’instabilité et d’augmentation des temps d’attente aux urgences, l’ensemble du conseil d’administration d’AHS a été remplacé par un seul administrateur. L’histoire se répète neuf ans plus tard, lorsque Danielle Smith licencie à nouveau le conseil d’administration, qu’elle accuse d’avoir mal géré la pandémie de COVID-19.

Il doit y avoir une obligation de rendre compte, mais cela doit être au niveau des orientations et non des activitésestimé Ron Liepert. Si le Québec veut suivre l’exemple de l’Alberta, il vaut mieux qu’il évite trop d’ingérence et d’ingérence pour que le système puisse atteindre son plein potentiel.ajoute Tom Noseworthy.

Histoires de réussite albertaines

Jean-Louis Denis et Tom Noseworthy soulignent tous deux queAHS cependant connu de bonnes années, notamment sous le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le début du mandat de Jason Kenny, lorsque l’agence avait un conseil d’administration stable. Au début de la pandémie, l’ancien premier ministre conservateur uni a aussi vanté l’efficacité de l’agence provinciale.

Les deux experts pointent aussi une bonne initiative albertaine : les réseaux cliniques stratégiques, qui regroupent des experts dans un domaine médical comme l’oncologie ou la cardiologie. En résumé, ces réseaux ont pour mandat d’identifier les meilleures pratiques et de les mettre en œuvre à travers la province.

» Je pense qu’il y avait des capacités de coordination, d’assemblage d’actifs cliniques qui étaient moins faciles à faire quand on était dans des gouvernances séparées de plusieurs établissements et de plusieurs régions. »

Une citation de Jean-Louis Denis, professeur de politiques et gestion de la santé à l’Université de Montréal

Le danger centralisateur

Le professeur de l’Université de Montréal ajoute aussi que la centralisation ne peut pas être absolue. Les gouvernements qui ont opté pour des agences [centralisées] tous ont assez vite découvert comment créer des zones, des quartiers ou des régions dépendant de l’agence, mais qui jouent un rôle local important.

Alberta Health Services est en outre divisé en cinq zones : le nord, le centre et le sud de la province, en plus d’une zone pour Calgary et une pour Edmonton.

Une infirmière ramasse une poche IV vide dans une chambre d'hôpital.

Alberta Health Services compte plus de 112 000 employés.

Photo : Services de santé de l’Alberta (AHS)

Denis Vincent est médecin de famille à Edmonton. Il a traversé de multiples réformes de la santé depuis le début de sa carrière. Selon lui, la centralisation a conduit à un certain nivellement par le bas dans certaines régions et à une perte d’initiative locale. Nous avons supprimé des services à certains endroits car nous ne pouvions pas justifier de les proposer partoutil explique. Nous avons souvent aplati l’offre de services au lieu de l’enrichir.

Ron Liepert estime qu’il est nécessaire d’être décisif dans la mise en œuvre de ce type de réforme.

» Vous n’obtiendrez jamais tout le monde d’accord sur quoi que ce soit de sain. »

Une citation de Ron Liepert, ancien ministre de la Santé de l’Alberta

Comme Jean-Louis Denis et Tom Noseworthyil note toutefois qu’une bonne planification est essentielle pour éviter le chaos des premières années des services de santé de l’Alberta.


journalmetro

Back to top button