Rafaël Harvey-Pinard, convaincant et convaincu

Vous parlez à l’un de l’autre, il l’encense abondamment. Vous vous parlez d’un ? Même. Pas besoin d’en parler aux autres, ils le feront eux-mêmes dans la conversation. Vous suivez?
À cause de leurs histoires négligées, du romantisme qui s’y rattache, à cause de leur saveur locale aussi et des résultats impressionnants qu’ils obtiennent, les deux Québécois sont sujets de conversation.
Vendredi, après l’entraînement, deux collègues attendaient Belzile pour un entretien approfondi. Harvey-Pinard attendait devant son casier, ayant été informé que des journalistes voulaient encore lui laisser un mot.
C’est que l’attaquant d’Arvida venait de passer 24 minutes sur la glace la veille contre les Rangers pour établir une marque personnelle dans sa très courte carrière de 25 matchs dans la Ligue nationale.
Les prouesses s’accumulent, les marques de confiance de l’entraîneur aussi. Son enthousiasme est indéniable et la qualité de son jeu non plus. Comme si, tranquillement, on s’éloignait du simple petit échantillon et on se rapprochait de la qualité cardinale du sport professionnel, la constance.
On parle du temps de glace de Harvey-Pinard et Martin St-Louis sourit.
Vingt-quatre minutes, c’est long. je ne l’ai même pas remarqué
explique-t-il tout de suite.
Parfois des joueurs comme ça, ils t’obligent à les jouer
ajoute Saint-Louis.
Mais quoi des joueurs comme ça
Exactement?
Être un joueur de hockey, c’est s’appliquer match après match. Ce n’est pas pour prendre des congés
essaie comme définition Harvey-Pinard lui-même.
Quand l’entraîneur envoie un de ses hommes sur la glace à plusieurs reprises sans même se poser la question, il est visiblement séduit. Jeudi, Harvey-Pinard a joué 3:43 dans les 7:37 derniers de la troisième période, exactement la moitié du temps. Même chose en prolongation avec quelques 2:18 de glace.
Normal, personne dans le Canadien n’obtient autant d’occasions de marquer que les Saguenéens actuellement. Par tranches de 60 minutes, Harvey-Pinard est juste derrière Brendan Gallagher cette saison avec 4,71 chances. Lorsqu’il est sur la glace à cinq contre cinq, son équipe monopolise 54,4 % des chances. Il est le seul joueur de l’équipe au-dessus du seuil des 50 %.
Sans oublier que ses 8 buts en 21 matchs depuis son rappel constituent un sommet pour le Tricolore, tout comme chez les recrues de la LNH. On soupçonne que son taux de conversion des tirs de 21% est insoutenable sur le long terme alors qu’il a toujours eu de bonnes statistiques dans ce département, lui qui a marqué sur près de 15% de ses tirs en carrière en Ligue américaine.
Bref, beaucoup de chiffres pour dresser un portrait flatteur qui commence à s’inscrire dans la durée plutôt que d’être un simple flash.
De son joueur, St-Louis est heureux, mais pas surpris
.
» Il convainc tout le monde. La personne la plus importante à convaincre, c’est lui-même. Il fait ça. »
Authenticité
L’absence de pression, une anomalie passagère dans un vestiaire de la LNH, aide sûrement à décontracter les muscles et à détendre l’atmosphère. Pourtant, l’ailier de 24 ans agit comme un poisson dans l’eau dans son nouvel environnement.
Johnathan Kovacevic est surpris par le fait qu’il ne semble pas avoir eu de courbe d’apprentissage
.
Il est sorti des contres à toute vitesse, ajoute le défenseur. C’est impressionnant et inspirant. Il ne se prend pas trop au sérieux. Le moment n’est jamais trop grand pour lui, c’est juste un autre match. C’est ce que ça dégage, je pense.
L’année dernière, quand j’ai été appelé, j’étais vraiment stressé avant les matchs. C’est normal, c’étaient mes premières expériences. Depuis, je me sens plus à l’aise. Je ne connais plus les gars du vestiaire aussi, ça fait une différence. Je suis moins impressionné, c’est certain
lance le principal intéressé.
Nous le prenons au mot. Face aux Rangers, il n’a pas hésité à frapper Vladimir Tarasenko, à encaisser un chèque du délicat Chris Kreider, à bloquer un tir de Braden Schneider ou a tenté de scinder le bloc défensif de K’Andre Miller et Jacob Trouba en deux pour finalement obtenir un coup en tombant à genoux.
St-Louis s’enorgueillit constamment ses détails
. La myriade de petits comportements subtils sur un miroir qui témoignent d’un esprit vif, alerte, dévoué.
Il est resté lui-même, finalement, estime Kovacevic. Il cite également Belzile comme exemple sur la question pour qui l’authenticité a été la clé du succès jusqu’à présent. Il a même glissé un mot à Kovacevic.
» Si vous avez peur ou trop gêné pour traîner avec les gars à l’extérieur, ça finit par se voir aussi sur la glace. [Harvey-Pinard et Belzile] ne sont pas du tout arrogants. Ils sont bien dans leur peau et ça se voit. »
Il faut voir Harvey-Pinard sourire ces jours-ci. De le voir croire en ses capacités et parler avec une grande aisance. De le voir s’amuser comme un gosse quand il parle de David Savard se moquant de Samuel Montembeault.
Martin St-Louis l’a dit. Il est convaincant et convaincu.
Beaucoup de
Denis Gurianov a brillé par son absence à l’entraînement vendredi, autant que cela soit possible. C’était la seule interruption d’entraînement si l’on exclut les 11 autres blessés. Le Russe s’est rendu au bureau des passeports à Ottawa pour récupérer son visa. Pourra-t-il revenir à temps pour la fin de saison le 13 avril ? C’est un tirage au sort en ce moment.
Jake Allen sera le gardien partant samedi soir lors de la visite des Devils du New Jersey. Le gardien néo-brunswickois s’amuse bien depuis la semaine de congé. Il a une fiche de 4-3-1 à ses 8 derniers départs, une moyenne de 2,49 et un pourcentage d’arrêts de 0,923.
En parlant de gardiens, on a bien rigolé lors de l’échauffement de vendredi, lorsque les joueurs du CH arboraient fièrement leur surnom au dos de leur maillot. Nous avons vu que le surnom très original et inégalé de Dikembe
pour Samuel Montembeault, a donc été abandonnée au profit de l’intrigant Collations
. Après enquête, c’est tout simplement parce que le gardien québécois a tendance à se livrer à des collations avant les matchs et entre les périodes. Il semblerait que banana bread soit son péché mignon, nous a révélé une source dont nous protégerons ici l’identité !

journalmetro