Québec nomme un facilitateur dans le dossier forestier des Atikamekw


La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, ne s’en cache pas. La tenue de nouveaux barrages routiers à Wemotaci pour pousser Québec à agir et à nommer Mario Gibeault comme facilitateur dans le dossier.

Il y a eu de nouveaux éléments, de nouvelles situations de blocages à Wemotaci et nous voulons faciliter les échanges… Parfois, il faut faire affaire avec quelqu’un de l’extérieur pour trouver une issue à la crisea-t-elle expliqué dans une interview.

La ministre Blanchette Vézina a indiqué qu’elle souhaite que les choses bougent rapidement.

Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet

Selon la ministre Maïté Blanchette Vézina, l’impact financier des barrages est important pour les communautés environnantes et les entreprises forestières.

» Il faut sortir le bois coupé au printemps, nous n’avons donc ménagé aucun effort pour sortir le bois, mais en harmonie avec les communautés indigènes. »

Une citation de Maïté Blanchette Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts

Elle considérait que, par cette nomination, Québec veut montrer sa volonté de trouver des solutions durables pouvant régler la situation.

La veille de l’annonce du gouvernement, le grand chef de la nation Atikamekw, Constant Awashish, indiquait déjà qu’il y avait un impasse avec le gouvernement.

Mario Gibeault devra faire ses recommandations au gouvernement dans un mois. Il le fera, a expliqué le ministre, rencontrer toutes les personnes impliquées, faire un diagnostic, trouver des solutions possibles pour élaborer des scénarios de sortie de crise.

Le problème est récurrent et généralisé. Plusieurs solutions ont déjà été proposées. […] mais c’est bloquéa soutenu le grand chef Constant Awashish.

Dans un tweet, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, Ian Lafrenière, a également mentionné que l’animateur aura comme tâche de rencontrer les conseils de bande, le Conseil de la Nation Atikamekw [CNA]les familles, puis les différents acteurs, pour trouver des solutions.

Selon le site gouvernemental, Mario Gibeault a déjà été sous-ministre associé par intérim au ministère des Ressources naturelles, directeur général de l’Office de commercialisation des bois au ministère des Ressources naturelles et membre du Conseil Cris-Québec sur la foresterie. On apprend également qu’il est membre de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec.

zéro respect

Depuis des années, les Atikamekw expriment leur mécontentement face à la gestion de la foresterie sur leur territoire ancestral et se plaignent de coupes non autorisées et excessives, ayant fait l’objet de consultations inadéquates et d’un maigre retour pour les communautés et les chefs territoriaux.

Les gouvernements ont l’obligation de consulter les communautés autochtones et, le cas échéant, de répondre à leurs besoins. Quatre réunions par an sont généralement prévues pour finaliser un projet d’exploitation forestière avec un gestionnaire de territoire ayant des droits sur un secteur spécifique.

Normalement, le bureau de gestion territoriale du conseil de bande gère les demandes d’harmonisation, c’est-à-dire les endroits où il est possible de couper et les compensations prévues. Mais très souvent, les entreprises contactent directement les familles.

C’est zéro respect, tout le tempsrésume le chef du territoire de Wemotaci, André Ambroise.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas demandé de coupures, mais elles sont revenues, poursuit-il, découragé. Fin février, il constate que, dans un secteur où il a autorisé les coupes, tout a été dévasté. Et dans un autre, où ce n’était pas autorisé, l’entreprise avait fait des coupes. Il a néanmoins accepté qu’elle récolte le bois coupé, mais il souhaite un changement rapide.

Édouard Chilton et Steven sont au téléphone devant un tipi.

Édouard Chilton et son fils Steven montent la garde à l’un des barrages près de la route entre La Tuque et Wemotaci.

Photo : Courtoisie : Dave Petiquay

Après des constats similaires, la famille Petiquay a exprimé son mécontentement en installant trois structures de tipi sur la route 25 entre La Tuque et Wemotaci. Les familles Chilton et Niquay ont rejoint le mouvement, selon le porte-parole de la famille Petiquay, Dave Petiquay.

Des barrages ont été installés aux kilomètres 110, 113 et 126.

De nombreuses familles se plaignent que des chantiers aient été autorisés sans que les consultations soient terminées. Dans les documents, la madame du ministère a également signé pour la partie aborigène. Il y a même des endroits où il est écrit que la famille renonce à ses droitsexplique Dave Petiquay.

Selon lui, le Groupe Remabec est venu dans la semaine pour tenter de passer. Le groupe Remabec, l’un des principaux acteurs du territoire, a déclaré au journal LE journaliste que la situation mettait en péril 250 emplois et il a exhorté les parties à s’entendre. L’entreprise n’a pas rappelé les espaces autochtones.

Nous ne voulons plus de directives gouvernementales. Nous sommes une génération qui comprend mieux les documents administratifs, le système et qui se lève. Fini l’Indien qui ferme les yeux et laisse quelqu’un d’autre signer pour luidit Dave Petiquay. Nous exigeons le respect !

Une proposition d’accord de principe

Mercredi, une entente de principe pour une nouvelle relation entre le Conseil Atikamekw de Wemotaci et le gouvernement du Québec a été présentée aux chefs du territoire.

Sans préciser les détails, le chef du conseil, François Néashit, s’est dit satisfait du libellé, car il va dans le sens des objectifs de Wemotaci. Selon lui, nous nous dirigeons vers un accord de principe qui satisfera les parties concernées.

Il y a un an, le Conseil Atikamekw de Wemotaci avait mis Québec en demeure dans le dossier forestier.

Nous avons encore des résultats tangibles et concrets. Avant la mise en demeure, nous avions eu des discussions stériles, qui n’avançaient pasil continue.

François Néashit est au micro, la main tendue.

Le chef du Conseil Atikamekw de Wemotaci, François Néashit, dit ne pas vouloir seulement une entente mais des mesures concrètes immédiates.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Les chefs de territoire ont accueilli le projet d’accord, mais n’ont pas encore décidé quoi faire ensuite. Selon plusieurs sources, le projet mentionne notamment la création d’un comité mixte un peu comme celui créé par Manawan et qui a déjà fait ses recommandations l’an dernier. Des zones où il n’y aurait pas de coupes ou de baux de villégiature accordés sont également proposées.

André Ambroise ne sait pas encore s’il le signera, il doit consulter sa famille. Au moins, nous avons quelque chose sur papier dont nous pouvons discuter, il dit. Un autre responsable de territoire dit qu’il a encore beaucoup de questions.

André Ambroise montre une carte des secteurs de Wemotaci dans son camp.

André Ambroise ne tient pas de barrages routiers mais ne veut plus de coupes sur son territoire. Il veut le respect des entreprises.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Dave Petiquay attend les autres réunions, mais pour l’instant ce n’est pas satisfaisant. Il pense que plusieurs Kanikannihetik (chefs de territoire) ne signeront pas. En attendant, les barrages restent en place.

La voie que nous avons toujours privilégiée est la rencontre, la négociation, dit le chef Néashit. Néanmoins, il reconnaît que ceux qui tiennent les barrages routiers défendre la même chose, les mêmes objectifs que [le conseil] mais ils le font différemment.

Malgré l’entente proposée, Québec a décidé de nommer un facilitateur. Nous n’avons pas communiqué avec la communautédit le ministre.

De son côté, le Conseil de la Nation Atikamekw a convoqué les chefs territoriaux le 8 mars pour les entendre.

Selon le grand chef Constant Awashish, 43 chefs de territoire provenant principalement de Manawan et de Wemotaci étaient présents. Ils ont, a indiqué le Grand Chef, confirmé leur désir d’être réunis : Un territoire, une nation, parce que pour mieux avancer, mieux vaut travailler ensemble. Ils ont également rappelé que tout le monde partage le problème de l’exploitation forestière.

Selon le CNA, le la balle est dans le camp du gouvernement. Il a demandé une rencontre avec les décideurs et les ministres concernés. Il estime que c’est une approche complémentaire et nécessaire avec les chefs de bande.

Dave Petiquay était présent et affirme que plusieurs chefs sont pour l’unité de la nation avec les trois communautés Atikamekw.

Une enseigne avec l'inscription Nitaskinan Atikamekw territoire ancestral planté dans la neige.

Depuis un an, aucun équipement forestier ou abatteuse n’a accès à la route secondaire qui débute au kilomètre 60 et pénètre dans le Nitaskinan en direction de La Tuque, une route empruntée régulièrement près de Manawan.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Le chef du conseil de Manawan a également assisté à la rencontre. Depuis six mois, Manawan et le gouvernement du Québec travaillent à mettre en place des recommandations visant à améliorer l’aménagement et le développement forestier sur le territoire traditionnel des Atikamekw, dans Lanaudière, au Québec. Sur le terrain, la pression se poursuit avec un moratoire sur l’exploitation forestière et la tenue d’un barrage routier pendant un an.




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