Procès Nygard : le verdict de culpabilité est une « victoire », selon des militants

La conclusion du jury dans le procès du magnat de la mode Peter Nygard est une victoire, selon plusieurs organisations qui viennent en aide aux victimes d’agressions sexuelles.

L’homme de 82 ans, qui faisait face à cinq accusations d’agression sexuelle et à une accusation de séquestration contre cinq femmes à Toronto, a été reconnu coupable dimanche de quatre des six accusations à la fin de son procès.

C’est un jour très heureux dans le sens où une personne de la stature de M. Nygard, qui avait du pouvoir, peut finir par être reconnue coupable des choses qu’elle a faites.

Elle salue également la volonté des femmes de témoigner dans un procès très surveillé.

Cela représente une force intérieure extrêmement grande. Non pas une femme, mais plusieurs femmes ont pris leur courage à deux mains pour dénoncer cette forme d’abus de la part d’une star.ajoute Mme Pharand.

Devoir se souvenir de détails d’événements qui peuvent remonter à plusieurs années peut être traumatisant, d’autant plus si l’auteur est quelqu’un d’aussi connu que Peter Nygard.

Il s’agit d’une forme d’abus importante que l’on constate régulièrement et qu’ils ont voulu dénoncer sur la place publique.elle se souvient.

Toujours … sous le choc

Jasminder Sekhon, coordonnatrice du développement communautaire chez Victim Services Toronto, est du même avis.

Il s’agit d’une grande victoire dans une lutte beaucoup plus vaste visant à obtenir justice pour les victimes.dit Mme Sekhon.

Elle souligne toutefois qu’il est rare que des procès aboutissent à des condamnations.

En effet, les cas d’agression sexuelle ont le taux de signalement le plus faible parmi les crimes violents, selon la Coalition ontarienne des centres de soutien contre la violence sexuelle.

De plus, seulement 10 % des agressions sexuelles signalées à la police mènent à une condamnation criminelle, selon Statistique Canada.

Honnêtement, le verdict m’a surpris.

Le fils de Peter Nygard affirme que le magnat de la mode a fait face à plus d’accusations que Jeffrey Epstein, Harvey Weinstein et Bill Cosby réunis.

Sa condamnation pourrait redonner espoir aux victimes, selon Jasminder Sekhon.

En tant que personne qui a tenté de passer par le système de justice pénale et qui n’a pas réussi à se rendre au procès, c’est passionnant de voir des gens être tenus responsables de leurs actes.elle dit.

Plus de soutien demandé pour les victimes

Le système doit améliorer les conditions dans lesquelles les victimes se trouvent devant les tribunaux, selon plusieurs intervenants.

Nous avons beaucoup de travail à faire au sein du système judiciaire qui, à mon avis, n’a pas encore réussi à accueillir adéquatement les victimes.estime Gaëtane Pharand.

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De nombreuses victimes ne se sentent pas suffisamment soutenues devant le tribunal et n’osent donc pas témoigner.

Les femmes devraient avoir le droit à la représentation. À quelqu’un qui est vraiment un avocat, qui est vraiment là pour leur expliquer la démarche, pour les accompagner.

Elle estime que cet accompagnement, financé par l’État, soulagerait ces victimes dans une période traumatisante qui peut parfois durer des années et leur permettrait de se sentir moins démunies.

Si une victime s’engage, elle s’engage d’une manière qui peut durer très longtemps et qui lui laissera constamment le souvenir de ce qui lui est arrivé. Et la peur dans tout cela est : « Vais-je être cru ? Est-ce que cela va être une cause gagnante ?explique Mme Pharand.

Encore faut-il que les victimes puissent saisir la justice selon les circonstances, une réalité que peu de gens connaissent, selon Jasminder Sekhon.

Le système devrait offrir davantage de soutien financier pour la garde d’enfants et le transport afin de garantir que les femmes qui souhaitent témoigner devant le tribunal puissent le faire sans compromis.

Nous devons vraiment tendre la main aux survivants et leur demander quelles sont les lacunes et quelles sont les choses que nous pouvons réellement financer pour faciliter le processus.souligne Mme Sekhon.

Nicole Pietsch, militante de la Coalition ontarienne des centres de soutien contre la violence sexuelle, estime que le succès du procès Nygard réside dans le fait que plusieurs victimes ayant vécu des expériences similaires ont témoigné.

Il y avait tellement d’éléments communs entre les histoires de victimisation. Nygard a isolé les femmes, recherché des opportunités et les a utilisées comme prémisses pour perpétrer des violences sexuelleselle explique.

S’il n’y avait eu qu’une seule personne, je pense que l’affaire se serait malheureusement concentrée sur de petits détails si faciles à oublier et si faciles à contester devant les tribunaux.

La solution, selon elle, n’est pas d’exiger qu’un plus grand nombre de victimes comparaissent devant le tribunal, mais plutôt d’exiger moins de détails sur les agressions elles-mêmes.

Les jurys doivent avoir une meilleure compréhension de la difficulté neurologique de se souvenir et de répéter l’histoire d’un événement traumatisant tel que la violence sexuelledit Nicole Pietsch.