Ottawa veut mettre un frein à la privatisation des soins de santé virtuels

Les consultations médicales virtuelles et la télémédecine ont gagné en popularité pendant la pandémie. Mais ces services tombent parfois dans un vide juridique qui permet aux entreprises privées de faire payer les patients. Ces frais seraient illégaux si la consultation avait lieu en personne.
Ottawa veut combler cette échappatoire en imposant des pénalités aux provinces qui ne s’attaquent pas aux abus.
» Dans les cas où les patients sont facturés pour ces services, je serai tenu de réduire les transferts fédéraux en matière de santé d’un montant équivalent. »
Le ministre dit qu’Ottawa a constaté que les résidents ont dû payer pour des services de diagnostic, tels que les échographies, l’imagerie par résonance magnétique et les tomodensitogrammes – des services qui devraient être disponibles gratuitement. Cette situation est inacceptable et ne sera pas tolérée
il dit.
Au Canada, de nombreuses entreprises telles que Telus Health, Babylon, Tia Health et Rocket Doctor ou Maple Health (financées par Loblaw’s), offrent actuellement des soins de santé virtuels que le patient doit payer de sa poche.
Les frais peuvent varier de 69 $ pour une consultation unique avec un médecin à des taux forfaitaires de 30 $ par mois pour un maximum de 30 visites par an. Cependant, ces frais doivent être pris en charge par l’assurance maladie.
Ottawa craint que certaines provinces ne soient tentées de fermer les yeux sur de telles pratiques, car cela contribuerait à réduire leurs coûts de santé.
» Le paiement des soins doit être public. Il est hors de question au Canada qu’on demande aux patients de payer avec leur carte de crédit lorsque vient le temps d’accéder à des services médicalement nécessaires. »
Réformes à venir
Plusieurs provinces, comme le Québec, misent sur la télémédecine pour moderniser leur système de santé et accroître l’accessibilité des services à la population.
Dans certains cas, la porte est ouverte à un système hybride : un patient couvert par une assurance privée peut devoir payer de sa poche avant d’être remboursé par son régime. Normalement, une telle consultation devrait être payée par le système de santé publique.
De plus, certaines entreprises de télémédecine ont trouvé une faille dans le système : lorsque le patient et le médecin se trouvent dans deux provinces différentes, les soins virtuels ne sont techniquement pas couverts par la Loi canadienne sur la santé (LCS).
Là LCS a été écrit quand les soins virtuels n’existaient pas
, précise une source fédérale. Ottawa veut colmater cette brèche et demande l’aide des provinces pour le faire, sinon elles perdront une partie de leur financement.
Ce n’est pas une menace pour les provinces, mais un avertissement, ajoute cette source. Nous devons travailler ensemble pour éviter que les patients ne soient obligés de payer pour des soins qui devraient être gratuits.
La complexité croissante des soins de santé modernes ne devrait pas être utilisé comme excuse pour autoriser de tels frais
écrit Jean-Yves Duclos à ses homologues.
Ottawa a l’intention de clarifier la Loi canadienne sur la santé dans une lettre d’interprétation qui sera partagée avec les provinces.
journalmetro