Oiseau du siècle : Pūteketeke remporte le sondage néo-zélandais après la campagne de John Oliver

Le pūteketeke a été couronné oiseau néo-zélandais du siècle après l’intervention controversée de l’animateur de talk-show américain John Oliver dans le sondage.

M. Oliver a déclenché une frénésie mondiale avec une campagne « d’une agressivité alarmante » en faveur du grèbe huppé, vulnérable.

On estime que moins de 3 000 oiseaux indigènes restent à l’état sauvage.

Le concours de l’Oiseau de l’année dure depuis près de deux décennies, mais le sondage spécial de cette année a attiré un nombre record de votes.

Plus de 350 000 bulletins de vote ont été déposés dans près de 200 pays, ce qui a fait échouer le système de vérification des votes et retardé le résultat de deux jours.

« Félicitations au directeur de campagne John Oliver et à tous ceux qui ont apporté leur soutien au pūteketeke », a écrit le nouveau Premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon sur X.

Le pūteketeke avait commencé comme « un concurrent extérieur », selon Nicola Toki, de Forest and Bird, l’organisation de protection de l’environnement qui organise le concours.

« Mais (il) a été catapulté à la première place grâce à son look unique, son style parental adorable et sa propension à vomir », a-t-elle déclaré.

Ce sont ces qualités qui ont séduit M. Oliver, animateur de l’émission HBO Last Week Tonight.

M. Oliver, qui possède la nationalité britannique et américaine, est apparu plus tard dans l’émission de discussion de son collègue comédien Jimmy Fallon, vêtu d’un costume de pūteketeke géant à plumes.

Le comédien a érigé des panneaux d’affichage dans des pays comme la Nouvelle-Zélande, le Japon, la France et le Royaume-Uni – surnommant l’oiseau « Seigneur des Ailes » en référence à la trilogie du Seigneur des Anneaux tournée en Nouvelle-Zélande.

« C’est cela la démocratie : l’ingérence de l’Amérique dans les élections étrangères », a déclaré M. Oliver.

Mais sa campagne a ébranlé certains cercles, avec un effort concerté de nombreuses personnes en Nouvelle-Zélande pour contrecarrer ce qu’ils percevaient comme une « ingérence américaine » dans l’élection des oiseaux.

Les partisans du kakariki karaka – une perruche verte – ont installé des panneaux publicitaires sur lesquels on pouvait lire : « Cher John, ne perturbez pas la hiérarchie ». D’autres ont supplié les gens de voter pour le kiwi, que M. Oliver avait comparé à « un rat portant un cure-dent ».

L’intensité de la lutte était telle que certains ont été poussés à commettre une fraude électorale. Un partisan du manchot sauteur de l’Est – que M. Oliver a qualifié de « manchot hipster » – a recueilli 40 000 voix pour l’oiseau. Une autre personne, originaire de Pennsylvanie aux États-Unis, a recueilli 3 403 votes, dont un toutes les trois secondes. Ni l’un ni l’autre n’ont été inclus dans le décompte final.

Lors du dépouillement des bulletins de vote, le pūteketeke – également connu sous le nom de grèbe huppé d’Australasie – a récolté plus de 290 000 voix. En deuxième position, avec 22 fois moins de voix – seulement 12 904 – se trouve le kiwi. Le kea, le kākāpō et le fantail complètent le top cinq.

Ce n’est pas la première fois que la compétition est embourbée dans une controverse. Il y a eu un tollé l’année dernière lorsque le kākāpō, le perroquet le plus gros du monde, a été interdit de compétition parce qu’il était le seul oiseau à avoir gagné deux fois dans le passé. Cela faisait suite au choc de 2021 lorsque la couronne d’Oiseau de l’année avait été décernée à… une chauve-souris.

Mais même si le niveau de controverse cette année était sans précédent, Mme Toki a déclaré que cela en valait la peine car cela avait attiré l’attention du monde entier sur le sort des oiseaux du pays.

« Plus de 80 % de nos oiseaux indigènes figurent sur la liste des espèces menacées… le monde nous surveille et regarde comment nous prenons soin de nos oiseaux. »