Neuf mois de prison pour avoir menacé de mort Trudeau et Legault

Un homme de Lanaudière a été condamné à neuf mois de prison pour avoir menacé de mort sur les réseaux sociaux les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault l’an dernier. Par ses menaces, d’une violence inouïe, André Tisseur incitait aussi les autres à la violence, alors qu’il gardait sous son lit une arme chargée.
Les écrits et vidéos de l’homme de 58 ans sont sortis en mars et avril 2022. Plusieurs font référence aux mesures sanitaires prises pour endiguer la COVID-19. Il s’en prend notamment au vaccin et à la « 5G ».
Les menaces — qui ne seront pas répétées ici dans leur intégralité — sont vulgaires et empreintes d’une grande violence. Il disait notamment à « la bande CAQ, vous êtes tous [sic] morts » et il exhorte les citoyens « à sortir leurs armes ». Il parle de chaise électrique, de guillotine et de têtes qui vont rouler dans le sang : « J’ai envie de tuer tout le gouvernement ».
L’homme a plaidé coupable d’avoir proféré des menaces de mort ou de lésions corporelles aux premiers ministres du Canada et du Québec et d’autres membres du gouvernement, ainsi que d’avoir possédé une arme chargée d’armes à feu et d’autres armes alors qu’il était interdit par ordonnance du tribunal. Son avocat a plaidé qu’il était en état d’ébriété lorsqu’il a réalisé les vidéos.
Rarement, le juge Normand Bonin de la Cour du Québec a refusé les deux propositions de peines conjointes des avocats de la défense et de la Couronne, jugeant la première « considérablement inappropriée » et estimant que la seconde « déconsidére l’administration de la justice ». « . Le premier proposait une peine à purger à domicile avec 100 heures de travaux d’intérêt général et le second une peine de prison équivalente au temps déjà passé par l’homme derrière les barreaux.
Le magistrat rebute au passage les avocats : ils n’avaient procédé à aucune vérification pour s’assurer que l’accusé était en mesure d’effectuer des travaux d’intérêt général. Mais l’homme est invalide. De plus, l’avocat de la défense n’avait même pas écouté les vidéos et les deux avocats ne lui avaient fait qu’un très bref résumé des faits.
Le juge a donc demandé à les écouter et les a commentés ainsi : « Non seulement dans les mots, mais aussi dans le ton utilisé, il est ressorti un niveau de violence mettant en évidence un danger pour le public ».
Il a ainsi refusé la peine d’emprisonnement à purger à domicile : « La recommandation des parties sur la peine est tellement dissociée des circonstances de l’infraction et de la situation de l’accusé que son acceptation par la Cour conduirait les personnes informées et raisonnables, connaissant toutes les circonstances pertinentes, de croire que la justice a cessé de fonctionner correctement. »
Le juge Bonin ordonne donc un rapport présentenciel, puis invite les procureurs à faire une deuxième proposition conjointe – également refusée.
L’accusé a un long casier judiciaire – 27 antécédents à son actif, y compris pour voies de fait et menaces – et il a ignoré les ordonnances judiciaires dans le passé, ayant en sa possession des armes interdites et une chargée sous son lit alors qu’il n’avait pas le droit de posséder un, a écrit le juge. Malgré six mois de traitement médicamenteux depuis son arrestation, le rapport présentenciel note un « risque actuel de récidive » et s’inquiète du potentiel de violence de l’accusé. Le juge note qu’André Tisseur a « travaillé sur sa sobriété », mais pas vraiment sur son comportement violent.
Le juge Bonin a rappelé que les magistrats doivent attacher une grande importance aux négociations entre procureurs sur les peines, mais qu’il se trouve dans une de ces circonstances « exceptionnelles et insolites » où il doit les annuler.
Le magistrat a ainsi choisi d’infliger une peine de neuf mois de prison — moins le temps déjà purgé — en maison d’arrêt et une mise à l’épreuve surveillée de deux ans. L’homme ne pourra plus évoquer les deux premiers ministres et les membres de leur gouvernement sur les réseaux sociaux pendant un an.
« Au vu des crimes commis, il n’y a rien d’anodin à menacer des personnes qui se dévouent au bien public. Il n’y a rien d’anodin à inciter de nombreux auditeurs à prendre les armes et à dormir avec une arme chargée sous leur lit et d’autres armes dont une arme prohibée ». C’est une atteinte à la démocratie elle-même, écrit le magistrat, rappelant que la première ministre Pauline Marois a été victime d’un attentat en 2012.
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