Malgré la fermeture du magasin, l’enseigne Archambault restera en place


L’enseigne du mythique magasin Archambault continuera de briller au coin des rues Sainte-Catherine Est et Berri, malgré la fermeture de la succursale prévue en juin.

Le propriétaire de l’immeuble et de son immense enseigne, Québecor, a confirmé cette information à Métro par email.

« L’enseigne Archambault, qui est située sur notre édifice, est un élément architectural incontournable de Montréal et le symbole d’un fleuron québécois fondé il y a plus de 120 ans. Cette enseigne, récemment restaurée, demeurera en place au coin des rues Sainte-Catherine Est et Berri.

Bien que l’entreprise semble désormais peser toute la valeur patrimoniale de cet objet commercial, ce repère a bien failli disparaître du paysage urbain en 2018. L’imposante enseigne en forme de lyre avait été démontée un matin par Quebecor, conformément au bail . d’Archambault, qui continuerait de faire affaire dans l’immeuble adjacent, situé au 510, rue Sainte-Catherine Est.

Cette simple procédure aux airs administratifs avait eu un effet de surprise et avait provoqué une certaine émotion populaire. « On pensait que c’était patrimonial, mais il semble que non », déplorait à l’époque l’un des employés d’Archambault.

Cette émotion avait poussé l’administration Plante à intervenir en reconnaissant l’intérêt patrimonial de l’enseigne vieille de plus de 90 ans. Près d’un an après son retrait, le panneau emblématique avait enfin trouvé sa place sur la façade de l’immeuble dépouillé de sa signature.

Un « héritage d’habitude »

Le débat public qui a entouré le retrait de l’enseigne Archambault démontre certainement l’attachement des citoyens à ce genre de symbole qui constitue un peu l’identité montréalaise, croit le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Dumbaru. Cependant, il observe que ce lien se tisse généralement de manière ad hoc, catalysé par un sentiment de perte collective.

Le patrimoine est toujours redécouvert. Il naît souvent lorsque les gens réalisent qu’ils risquent de le perdre. Sinon, cela fait partie de leur quotidien. C’est une chose triviale.

Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal

Sans cette blessure cognitive infligée aux Montréalais par le retrait de l’enseigne Archambault en 2018, aurions-nous réalisé tout l’intérêt patrimonial de cet élément architectural ?

La doctorante en études urbaines, Carla Bodo, s’autorise à en douter. Mme Bodo est la première chercheuse à consacrer une thèse entière à l’histoire visuelle et matérielle des signes au Québec. Elle explique que les enseignes « ont tendance à être discréditées dans l’espace public, mais aussi en tant qu’objet artistique ».

On n’a qu’à penser au Club Super Sexe, selon elle, dont l’enseigne « fabuleuse » a été décimée par les flammes en 2021, alors que l’établissement était décrépit, réduit à l’abandon depuis 2016.

« C’est de l’art populaire et on n’y voit pas beaucoup d’intérêt du point de vue de l’histoire, du patrimoine, de l’histoire de l’art. C’est un signe qui est voué à disparaître. Cela suit le cycle de vie de l’entreprise », explique-t-elle. Malgré son caractère éphémère et sa vocation de communication pour une entreprise, son rôle socio-historique pour une métropole ne doit cependant pas être négligé, estime Mme Bodo.

Une ancre dans la ville

En plus de faire un pied de nez à un mouvement vers une relative sobriété des rues de Montréal, l’enseigne lumineuse Archambault agit comme un véritable point d’ancrage dans l’histoire du Québec.

Étant l’un des derniers de style Art déco des années 1930 sur le territoire (le second étant celui du chapelier Henri Henri), il rappelle l’époque où la rue Sainte-Catherine ressemblait davantage au quartier Broadway de New York. « Il y avait des enseignes lumineuses partout, tout le temps », se souvient Mme Bodo. L’enseigne demeure aussi le symbole de l’histoire de la musique francophone au Québec.

« La ville change tellement, elle est constamment en construction, mais il semble que ce type d’objet vienne quelque part perpétuer la mémoire de la ville et en faire son identité, estime Carla Bodo. Un signe est un laboratoire de formes. Vous pouvez étudier l’objet en tant que tel, vous pouvez également étudier l’histoire de la typographie et bien sûr l’histoire plus large de la ville et des rues. Et c’est merveilleux », conclut-elle.

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