Les enseignants de l’UL expriment leur frustration : la surcharge de travail est au cœur des revendications

Plusieurs centaines de professeurs de l’Université Laval, qui ont entamé une grève de deux semaines, ont manifesté lundi sur le campus pour exprimer leur frustration et exprimer leurs revendications. Au cœur du litige : la surcharge de travail.
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« Nous ne voulions pas faire la grève, mais tant que nous le ferons, nous le ferons bien. Les problèmes que nous tentons de résoudre sont trop importants pour les laisser s’aggraver », a déclaré Louis-Philippe Lampron, président du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL), devant les 745 collègues réunis. sur le campus selon un décompte effectué par les organisateurs.
« Pour régler le problème de la surcharge de travail, il faut plus de collègues », a ajouté M. Lampron, faisant allusion à la question qui revenait le plus fréquemment parmi les enseignants interrogés par Le Journal, lundi matin.
Depuis 20 ans, le nombre d’étudiants a augmenté de 26 % à l’Université Laval alors que le nombre de professeurs a diminué de 11 %, selon la Fédération des professeurs d’université du Québec.
La SPUL, qui compte 1 300 adhérents, réclame le recrutement de 100 enseignants supplémentaires.
Un cursus avec 267 étudiants
Adolfo Foriero donne ce semestre un cours en ligne à 267 étudiants en génie civil. Il a de l’aide pour l’édition, mais il doit répondre lui-même à tous les courriels des étudiants. « C’est très lourd », lâche-t-il.
Le nombre d’étudiants à encadrer à la maîtrise et au doctorat a également augmenté, indique Colette Brin, professeure au département d’information et de communication. « Il y a des collègues qui encadrent 15, 20 étudiants diplômés et ça prend beaucoup de temps », dit-elle.
La réalité des élèves a aussi changé avec le temps, ajoute Simon Lemieux, qui enseigne à l’École de nutrition depuis 25 ans. « Les étudiants vivent beaucoup plus de problèmes, d’anxiété, ils ont besoin de plus de soutien. Ça a un impact pour nous, on ne peut pas laisser quelqu’un en détresse », a-t-elle dit.
Plusieurs professeurs ont également dénoncé la lourdeur des charges administratives, affirmant qu’il serait plus judicieux que ce travail de « paperasserie » soit effectué par le personnel administratif.
Augmentation de salaire
Les augmentations de salaire sont également au cœur des revendications. La SPUL réclame un rattrapage salarial et des augmentations qui atteignent près de 20 %. Même si l’Université Laval se classe au 6e rang des universités de recherche, elle arrive en queue de peloton en termes de rémunération lorsqu’on la compare aux quinze grandes universités de recherche du Canada (U15), fait valoir la SPUL.
Quelques progrès
Les enseignants sont en grève, mais des discussions sont toujours en cours avec la direction.
Madeleine Pastinelli, la porte-parole du comité de négociation, a salué les progrès récents à la table de négociation, mais la partie est loin d’être gagnée, dit-elle.
« Nous avons fait un certain nombre de gains, ce qui montre que la mobilisation fonctionne, mais nous sommes encore loin d’un règlement. Nous avons encore les pièces les plus importantes à ramasser », a-t-elle déclaré.
Tous les cours et activités des 1 300 professeurs sont suspendus sur le campus jusqu’au 3 mars. Les cours dispensés par les chargés de cours et les assistants pédagogiques sont maintenus, tout comme les services rendus par le personnel administratif.
La dernière grève du corps professoral à l’Université Laval remonte à 2008.
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