les efforts acharnés d’un continent pour la restitution des œuvres

Le long combat de l’Afrique pour son art
par Bénédicte Savoy
Seuil, 320 p., 22 €
La bataille commence par un bombe » sous forme d’injonction : « Rendez-nous l’art nègre », réclamait en 1965 le journaliste béninois Paulin Joachim à la une du mensuel sénégalais bingo, lu dans toute l’Afrique francophone. C’est le « premier appel public pour la restitution générale à l’Afrique de ses biens culturels », dit Bénédicte Savoy dans cet essai passionnant et minutieux sur les efforts inlassables d’un continent pour son art. L’article va semer la terreur dans le nord du Sahara, où un collectionneur réagit ainsi : « Il faut (…) envoyer le moins possible et le moins précieux » à Dakar.
Voilà, dès 1965, les termes d’un douloureux débat qui commence seulement à s’apaiser. D’une part, les ex-colonies exigent que « au moins les trésors d’art les plus représentatifs de leur culture soient restitués » à leurs habitants, car « ces biens culturels qui ont quitté leur être,les hommes et les femmes de ces pays ontdroit de les récupérer » comme l’a expliqué le directeur général de l’Unesco, le Sénégalais Amadou Mahtar M’Bow, en 1978 dans un discours marquant.
La réponse d’Emmanuel Macron
De l’autre, les politiciens et les conservateurs de musées résistent. A de rares et heureuses exceptions. Comme le présentateur Roger Gicquel, qui saluera la prise de parole d’Amadou Mahtar M’Bow au journal télévisé de TF1, à 20 heures !
Il faudra cependant attendre encore trente ans pour qu’un président français apporte une réponse claire aux revendications africaines : Emmanuel Macron, qui, en 2017, s’engage à ce que « d’ici cinq ans, les conditions seront réunies pour la restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain en Afrique ». Le début d’un retour encore timide, mais qui ne semble pas devoir s’arrêter.
Fr1