Les avertissements à eux seuls ne soulageront pas les contraintes des soins de santé


Il y a généralement quelque chose de puissant dans les relations épistolaires. Les lettres écrites personnellement sont à la fois intimes et réfléchies. Ils expriment avec style les pensées les plus profondes d’un expéditeur, ses passions les plus ardentes.

L’un des rares domaines dans lesquels la charmante pratique perdure apparemment à l’ère des émoticônes, des textes et du balayage des applications est dans le domaine des relations intergouvernementales.

Et les dirigeants du Canada recommencent.

Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a envoyé une lettre à tous les ministres provinciaux et territoriaux de la Santé pour s’alarmer de la dérive de la privatisation des soins de santé et avertir que le gouvernement fédéral retirera le financement si une surfacturation est découverte.

Duclos a souligné que les Canadiens ne devraient pas payer de leur poche des soins médicalement nécessaires, y compris des choses telles que des visites virtuelles avec des médecins et des chirurgies rémunérées à l’acte effectuées à l’extérieur de leur province d’origine.

« Je suis très préoccupé par la récente augmentation des rapports sur les frais des patients pour les services médicalement nécessaires », a écrit Duclos. « Ce n’est pas acceptable et ne sera pas toléré. »

D’une part, le gouvernement fédéral devrait être encouragé à réagir à la menace en cas d’infraction à la Loi canadienne sur la santé.

D’autre part, Duclos et ses collègues doivent en dire beaucoup plus sur les innovations qu’il propose qui peuvent aider à atténuer les tensions évidentes dans le système de santé assiégé du pays.

Les provinces et les territoires sont aux prises avec des pressions croissantes sur les budgets des soins de santé et les Canadiens font face à de longues attentes pour des soins médicaux dans des systèmes incapables de répondre à la demande. Les services d’urgence débordent alors que 20 % des Canadiens n’ont pas accès à un médecin de famille ou à une infirmière praticienne.

Duclos a déclaré qu’il clarifiera la façon dont les services de santé virtuels sont fournis et définira de nouvelles conditions dans une lettre d’interprétation de la Loi canadienne sur la santé qui sera envoyée aux provinces et aux territoires dans les mois à venir. Il s’agira de la quatrième lettre de ce type envoyée par un ministre fédéral de la Santé depuis l’entrée en vigueur de la loi en 1984.

Il est essentiel, bien sûr, que le gouvernement fédéral surveille de près l’expansion des soins à but lucratif et utilise la récupération financière comme bâton pour assurer la conformité provinciale. La vigilance est essentielle. Mais Duclos devra livrer beaucoup plus.

Si la nature a horreur du vide, les entreprises à but lucratif se délectent de telles opportunités et se précipitent pour combler le vide en matière de soins de santé.

Après la décision de l’Ontario l’an dernier de réduire les honoraires payés aux médecins pour des visites virtuelles ponctuelles, certaines entreprises ont lancé des services médicaux basés sur le chat, qui ne sont pas couverts par l’OHIP.

Une entreprise, Rocket Doctor, a commencé à facturer 55 $ pour un chat en direct. D’autres, comme VirtualDr.ca et Maple Corp., ont également émergé pour offrir des soins médicaux en ligne non couverts par l’OHIP.

Certains médecins ontariens, par le biais d’un programme appelé Kindercare365, offrent aux parents la disponibilité de leurs enfants avec une infirmière praticienne moyennant des frais mensuels de 30 $. La demande aurait été écrasante.

Duclos se retrouve dans une situation difficile créée par la rencontre d’acheteurs volontaires et de vendeurs volontaires heureux de faire des affaires sur le marché de la télésanté qui a surgi du changement technologique et d’un système public effiloché.

Comme l’a dit un innovateur en télésanté à CBC, « nous pouvons continuer d’attendre que le gouvernement répare le problème. Quand est-ce que ça va arriver ? Ou nous pouvons faire quelque chose. Je fais quelque chose. »

Le ministre ferait mieux de se mettre au travail pour rédiger sa lettre sur la Loi canadienne sur la santé.

Les menaces ne répondront pas à l’aggravation de la crise. Pas plus que les promesses, aussi sincères soient-elles, de protéger un système qui ne tient pas ses promesses.


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