Le rapport sur la maîtrise du français au cégep reçoit un accueil mitigé

Des professeurs de cégep choqués, des étudiants satisfaits
La première recommandation du document, suggérant que les notions de grammaire continuent d’être enseignées au collégial, au-delà du secondaire, témoigne d’une certaine méconnaissance de la réalité des cégeps, selon la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
Il y a un coup de pouce à faire, c’est évident, mais remettre le curseur sur le cégep comme lieu où il faut réenseigner ces compétences, ça a de quoi choquer nos membres, indique la présidente de la Fédération, Caroline Quesnel. C’est comme demander à un professeur de maths d’un cégep d’enseigner les tables de multiplication !
» La langue est quelque chose qu’il faut en grande partie acquérir lorsqu’on arrive dans l’enseignement supérieur. »
Les étudiants, pour leur part, sont plus favorables à un autre volet des recommandations des experts, soit celui de réviser le cahier des charges de la formation générale au cégep pour y inclure des cours de littérature française. un enseignement systématique de la grammaire lié aux pratiques d’écriture
. Cela fait également partie de la demande connexe des étudiants de réformer l’enseignement général au collégial.
Maya Labrosse, présidente de la Fédération étudiante du collégial du Québec (FECQ), se dit agréablement surprise de constater que plusieurs de leurs demandes trouvent écho dans le rapport. C’est intéressant de voir qu’on arrive aux mêmes conclusions, notamment avec l’idée de faire en sorte que le français soit quelque chose qu’on apprend tout au long du continuum scolaire, du primaire à l’université.
fait-elle remarquer.
La Fédération des cégeps, pour sa part, salue le rapport et mentionne être pleinement disposé à collaborer aux suites qui seront données à ce nouveau rapport
.
Le ministre Déry répond aux critiques
En entrevue avec Radio-Canada, la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, affirme que l’ensemble du réseau de l’éducation est bien conscient que nous avons des lacunes
. Il regroupe les recommandations sous trois grands axes : le renforcement des cours de français dans les cégeps, le perfectionnement professionnel des enseignants et l’amélioration des critères de maîtrise du français dans les plans institutionnels des cégeps pour plus d’homogénéité.
» Il y a des pistes de réflexion et des solutions intéressantes que les experts nous dévoilent aujourd’hui. Je les remercie pour ce travail extrêmement pertinent qui a été fait au cours des derniers mois. »
Mme Déry reconnaît la valeur de ce nouveau rapport, mais indique du même souffle qu’elle attend également les conclusions d’un autre comité de travail, en juin, ainsi que celles du groupe de travail sur l’avenir de la langue française créé à la début d’année. ‘année. Doit-on revoir les crédits ministériels, la formation générale au cégep? Ce sont des questions où la concertation est nécessaire, et c’est ce que nous faisons actuellement pour être sûrs d’avoir la bonne approche. Mais il est clair que nous devons intervenir
dit le ministre.
Si les étudiants et les enseignants du cégep ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde quant à la manière de contrer le manque de maîtrise des étudiants en français, ils s’accordent néanmoins à reprocher au ministre Déry d’avoir tardé à rendre public ce rapport, remis au gouvernement en janvier 2022.
» Si nous avions pu publier ce rapport un an plus tôt, nous pourrions probablement déjà constater des effets bénéfiques sur la maîtrise du français au collégial. Nous étions donc très impatients de voir les recommandations qui en font partie. »
Ce qui importe maintenant, c’est qu’il y ait un calendrier pour la mise en œuvre de ces recommandations
insiste Maya Labrosse.
Caroline Quesnel va plus loin en soulignant ce qu’elle décrit comme le double discours du gouvernement autour du français : En période électorale, on nous a dit à quel point le français est une priorité pour lui. Et pendant ce temps, nous attendons 14 mois pour présenter un rapport sur la qualité de la langue.
La ministre Déry répond qu’elle n’aurait pas pu publier le rapport plus tôt. Ayant pris ses fonctions en octobre dernier, elle dit avoir pris connaissance du dossier plus en profondeur en décembre.
Nous sommes en action et je suis personnellement en action. C’est une question qui me touche beaucoup, dit-elle. Je ne voudrais pas qu’on pense que pendant un an le ministère n’a rien fait. Le ministère avait le rapport, avait déjà une réflexion sur ces recommandations.
Pascale Déry indique qu’à court terme, son équipe pourra agir sur quelques recommandations
. La suite fera partie de la réflexion autour du nouveau groupe d’action sur l’avenir de la langue française, conclut-elle.
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