Le gouvernement français, inflexible face à la mobilisation


Le gouvernement français reste inflexible dimanche sur sa réforme des retraites très contestée, malgré de nouvelles mobilisations et des violences, à la veille d’un vote pour tenter de la renverser.

Signe de tension dans le pays, le bureau du député Eric Ciotti à Nice (sud-est), également chef de file du parti de droite Les Républicains (LR), a été lapidé dans la nuit de samedi à dimanche pour « faire pression » et que il vote lundi la motion de censure à laquelle il s’oppose.

Face à la contestation, plusieurs poids lourds de la majorité présidentielle sont montés au créneau pour défendre la réforme, qui vise notamment à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Le « premier objectif » du gouvernement « est de mener à bien cette réforme pour sauver notre système de retraite » et « nous y tenons », a affirmé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, au Journal du Dimanche.

« Je pense qu’il n’y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement », a assuré son homologue de l’Economie Bruno Le Maire au journal Le Parisien.

« Mais ce sera un moment de vérité. La réforme des retraites vaut-elle oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique ? La réponse est clairement non », a-t-il déclaré.

Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, la cote de popularité d’Emmanuel Macron s’est effondrée en mars, à 28%, au plus bas depuis la sortie, en 2019, du mouvement de contestation populaire des « gilets jaunes ». Il est à 70% insatisfait.

Et, après plusieurs jours de mobilisation et de manifestations, la décision jeudi du gouvernement d’Elisabeth Borne de faire passer ce texte en force a mis le feu aux poudres.

Il a choisi de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, sauf en cas d’adoption d’une motion de censure.

Depuis, des rassemblements organisés ou spontanés ont eu lieu sur tout le territoire, dans le calme ou avec excès.

barricades

La contestation s’est en effet durcie ces derniers jours, portée par de jeunes militants, alors que les grèves se poursuivent dans les transports, les raffineries et les éboueurs.

Une situation qui a conduit les autorités à interdire samedi tout rassemblement sur la grande place parisienne de la Concorde, à deux pas de l’Assemblée nationale et du palais présidentiel de l’Elysée. Des milliers de personnes s’y étaient rassemblées et des affrontements avaient éclaté les jeudis et vendredis soirs.

Les manifestants parisiens, quelque 4000, selon une source policière, se sont repliés samedi soir sur la place d’Italie.

Feux de poubelles jonchant les rues de la capitale, abribus vandalisés, barricades improvisées, heurts avec la police… Face aux casseurs, les organisateurs ont rapidement décidé de dissoudre la manifestation.

Au total, la police a procédé samedi à 169 interpellations en France, dont 122 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur.

Si Eric Ciotti a déjà indiqué que son parti, LR, ne voterait « aucune » des motions de censure déposées, pour ne pas « ajouter le chaos au chaos », une poignée de députés de son camp ont annoncé qu’ils voteraient du moins pour la motion interpartisan présentée par un groupe indépendant.

Comme Eric Ciotti, d’autres parlementaires pro-réformateurs ont été pris pour cible par des opposants, alors que jeudi soir, la patronne des députés de la majorité présidentielle (parti Renaissance), Aurore Bergé, avait demandé au ministre de l’Intérieur de « mobiliser les services de l’État » pour la « protection des parlementaires ».

Vers l’arrêt des raffineries

Les syndicats ont appelé à une mobilisation accrue durant le week-end, face à ce qu’ils appellent « le déni de démocratie ».

« L’Assemblée doit avoir une caisse de résonance dans la rue. Il faut être là pour montrer qu’on est en profond désaccord avec cette réforme », a expliqué une manifestante, Léa Botté, 29 ans, à Lille (nord).

Le syndicat CGT a annoncé samedi que la plus grande raffinerie du pays, située en Normandie (nord-ouest) et exploitée par TotalEnergies, avait commencé à fermer, une première depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites.

Très lourde techniquement, l’opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénurie immédiate de carburant, mais elle pourrait s’étendre. Au moins deux autres raffineries sur les sept que compte le pays pourraient être fermées au plus tard lundi, a prévenu la CGT.

Le ministre français de l’Industrie Roland Lescure a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait riposter en réquisitionnant des agents, comme pour la collecte des déchets à Paris, où environ 10.000 tonnes d’ordures jonchent encore les trottoirs, selon la mairie.

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