Le Canada présente le projet de loi C-38 pour remédier aux iniquités dans les dispositions relatives à l’inscription et à l’appartenance à une bande de la Loi sur les Indiens
Contexte général du projet de loi C-38
En 2012, un processus exploratoire étudié les options de réforme avec les partenaires des Premières nations et métis. La conclusion était que le Canada devrait travailler avec les Premières Nations pour régler de manière proactive les problèmes liés à l’inscription et à l’appartenance à une bande en vertu de la Loi sur les Indiens.
En 2018-2019, à la suite d’un processus de consultation avec les partenaires des Premières Nations, la représentante spéciale de la ministre (RSM), Claudette Dumont-Smith, a soumis un rapport contenant des recommandations pour remédier à un large éventail d’iniquités qui subsistent dans le Loi sur les Indiens. Grâce à ce processus de collaboration, le conseiller spécial du ministre a constaté qu’il y avait une directive claire selon laquelle toute personne émancipée devrait avoir droit à la réintégration, et il devrait y avoir un droit automatique pour les descendants de ceux qui ont été émancipés.
S’il est adopté, le projet de loi C-38 réglerait certains des problèmes soulignés dans le rapport du MSR avec des solutions fondées sur les commentaires reçus. La législation répond aux préoccupations de longue date soulevées par les communautés des Premières Nations et d’autres membres des Premières Nations touchés par ses effets discriminatoires résiduels.
Le projet de loi vise à remédier aux problèmes d’inscription et d’appartenance à une bande qui ont été soulignés comme nécessitant une réparation comme condition préalable à une transition réussie loin de l’actuel Loi sur les Indiens. Ce serait :
- Aborder les impacts continus sur l’admissibilité à l’inscription des personnes ayant des antécédents familiaux d’émancipation ;
- Soutenir l’autonomie des individus en s’assurant qu’ils peuvent faire retirer leur nom du Registre des Indiens (radiation individuelle);
- Reconnaître les droits acquis de tout individu à l’appartenance à sa bande natale ; et,
- Éliminer le langage désuet et offensant lié aux personnes dépendantes.
Affranchissement
Avant 1985, l’émancipation était une politique d’assimilation sous la Loi sur les Indiens où les membres des Premières Nations ont perdu leur droit à l’inscription, ainsi que l’appartenance à leurs communautés d’origine. Les particuliers pouvaient être émancipés sur demande (émancipation « volontaire ») ou le gouvernement pouvait choisir d’émanciper des particuliers en raison de leur profession ou parce qu’ils résidaient à l’extérieur du Canada depuis cinq ans (émancipation involontaire). Lorsque les hommes ont été émancipés, leurs femmes et leurs enfants ont été automatiquement émancipés. Cela a conduit des familles entières et leurs descendants à perdre le droit à l’enregistrement et à tous les avantages associés au titre de la Loi sur les Indiens.
En 1985, le projet de loi C-31 a introduit de nouvelles catégories en vertu de l’article 6 de la Loi pour déterminer l’éligibilité à l’enregistrement qui a rétabli l’accès à l’enregistrement pour un grand nombre d’individus et leurs descendants de première génération. Dans le cadre de ces changements, le processus d’émancipation a été éliminé du Loi et les personnes qui s’étaient précédemment émancipées volontairement ou involontairement pouvaient demander le rétablissement de leur inscription. Les personnes et leurs enfants qui avaient été émancipés sur demande ont été réintégrés en vertu de l’article 6(1)(d) et ceux qui avaient été involontairement émancipés ont été réintégrés en vertu de l’article 6(1)(e) de la Loi sur les Indiens.
Cependant, malgré l’élimination du processus d’émancipation, le droit des descendants ayant des antécédents familiaux d’émancipation continue d’être impacté aujourd’hui. Bien que les dispositions relatives à l’inscription et à l’adhésion de la Loi sur les Indiens ont ensuite été modifiés en 2011, en vertu de la Loi sur l’équité entre les sexes dans le cadre de l’inscription au registre des Indiens (projet de loi C-3), et en 2017, en vertu Loi modifiant la Loi sur les Indiens en réponse à la décision de la Cour supérieure du Québec dans Descheneaux c. Canada (Procureur général) (Projet de loi S-3), ces modifications législatives visaient à éliminer les inégalités fondées sur le sexe dans l’inscription. Les inégalités restantes liées à l’émancipation persistent. Les descendants ne peuvent pas transmettre le droit à l’inscription dans la même mesure que les ayants droit qui n’ont pas d’antécédents familiaux d’émancipation. Ceux qui se sont émancipés en tant que bande ou collectif n’ont pas non plus droit à l’enregistrement aujourd’hui.
En juillet 2021, Juristes Power Law (JPL) a déposé Nicolas c. AGC, a déposé une Charte contestation au nom des demandeurs qui n’ont pas droit à l’enregistrement en vertu de la Loi sur les Indiens et/ou ne peuvent pas transmettre le droit à leurs descendants parce qu’ils ont des antécédents familiaux d’émancipation. La suspension crée un besoin urgent et prioritaire de rectifier les inégalités causées par l’émancipation.
Le Nicolas groupe demandeur est composé de 15 personnes. À la suite du projet de loi C-38, certains recevront un changement dans la catégorie dans laquelle ils sont actuellement inscrits et d’autres seront nouvellement admissibles à l’inscription. De plus, si toutes les questions d’émancipation individuelle et collective sont résolues, environ 3 500 personnes au cours des cinq prochaines années pourraient être nouvellement éligibles à l’enregistrement.
Désinscription individuelle
Le projet de loi C-38 accorderait l’autonomie aux Premières Nations en veillant à ce qu’elles puissent faire retirer leur nom du registre des Indiens (radiation individuelle).
Depuis 1985, la Loi sur les Indiens ne permet pas au registraire de retirer des personnes du registre, même à leur demande. Les particuliers peuvent toutefois demander à être retirés du registre des Indiens pour diverses raisons, notamment :
- Vouloir s’inscrire auprès de tribus amérindiennes qui ne permettent pas aux personnes inscrites en vertu de la Loi sur les Indiens de s’inscrire ;
- Vouloir s’identifier et/ou s’inscrire en tant que personne métisse;
- Ne souhaitant plus être reconnu sur le Registre fédéral des Indiens; ou,
- Retrait du consentement à être inscrit comme majeur, pour ceux dont les parents les ont inscrits comme enfants.
Le projet de loi C-38 garantirait que lorsqu’une personne a vu son nom retiré du registre, elle :
- Conserver légalement leur droit d’être immatriculé au Loi sur les Indiens;
- Conserver légalement le droit d’être réinscrit à l’avenir ;
- Conserver légalement le droit de transmettre leur droit à leurs descendants.
Cela signifie que pour certaines personnes, la désinscription est une question de contrôle de leur propre identité. Pour d’autres, c’est un obstacle à l’adhésion à d’autres groupes autochtones, comme les Métis, s’ils ont une ascendance mixte. Cela a empêché de nombreuses personnes d’accéder à des services et avantages importants par l’intermédiaire d’un groupe auquel elles souhaitent s’identifier et auquel elles devraient avoir droit. Par exemple, les Métis perdent leur droit à l’appartenance aux Métis s’ils sont inscrits en vertu de la Loi sur les Indiens. Le projet de loi C-38 donnera aux particuliers le droit et la capacité de faire retirer leur nom du registre des Indiens.
Une fois désinscrite, la personne n’aura plus le droit d’accéder aux programmes, services, règlements et/ou avantages associés à Loi sur les Indiens inscription. Si une personne demande à être réinscrite, cette personne n’aura aucun droit rétroactif à de telles prestations pour la période au cours de laquelle elle a été radiée. Toute personne qui choisit de se désinscrire conservera son droit à l’inscription en vertu de la Loi sur les Indiensy compris la possibilité de retrouver leur statut à l’avenir.
Réaffiliation et appartenance à la bande natale
Lorsqu’une femme qui est inscrite en vertu de la Loi sur les Indiens est membre de la bande dans laquelle elle est née, que ce soit la bande de sa mère ou de son père, on parle alors de membre de sa « bande natale ».
S’il est adopté, le projet de loi C-38 reconnaîtrait les droits acquis de toutes les Premières Nations à appartenir à leur bande natale. Ce projet de loi fournirait un mécanisme juridique pour réaffilier les femmes et leurs descendants à leur bande natale qui ont été automatiquement transférés à la liste de bande de leur mari lors du mariage remontant à 1869. Modifications à la Loi sur les Indiens sera l’occasion de rétablir d’importants liens culturels et communautaires pour les femmes des Premières Nations et leurs familles.
Langage obsolète et offensant dans le Loi sur les Indiens
Cet amendement proposé au projet de loi C-38 viserait à supprimer les termes désuets et offensants dans le Loi sur les Indiens liées aux personnes dépendantes. Le Loi a administré la vie des membres des Premières Nations depuis 1867. Il s’agit à la fois d’un instrument juridique actif et d’un artefact colonial daté, incrusté d’un langage désuet et offensant.
Alors que des progrès vers l’inclusion, l’accessibilité et la diversité sont réalisés, l’expression « Indien mentalement incompétent » peut être considérée par certains comme un langage violent qui doit être remplacé. Malgré un grand nombre de lois écrites pour soutenir les besoins des adultes dépendants et de leurs familles, le Loi sur les Indiens demeure la seule loi qui attache une signification juridique précise au terme « Indien mentalement incapable ».
S’il est adopté, le projet de loi C-38 remplacerait toutes les références aux « Indiens mentalement incapables » par l’expression moderne « personne à charge ». Cet amendement ne modifie pas la définition du terme, mais supprimerait le langage offensant afin d’aligner le langage sur d’autres lois contemporaines.
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