Laurence St-Germain décroche l’or en slalom aux Mondiaux alpins

Après s’être rendu compte que la Suissesse Wendy Holdener venait de franchir une porte lors de sa deuxième manche, et qu’une seule skieuse était capable de la déloger, Laurence St-Germain a demandé à l’Allemande Lena Dürr quelle direction elle devait prendre pour monter sur la deuxième marche du podium, qui lui a au moins été accordé. Quelques secondes plus tard, Dürr a précisé à la Québécoise que finalement, elle devait aller vers le milieu !
Le skieur de 28 ans originaire de Saint-Ferréol-les-Neiges est monté sur la plus haute marche du podium après avoir remporté avec panache l’épreuve de slalom des Championnats du monde de ski alpin, samedi à Méribel, en France.
Il s’agit du premier podium en carrière de St-Germain dans une compétition internationale.
Si St-Germain a interrogé Dürr, c’est parce que la dernière skieuse en lice n’était autre que l’Américaine Mikaela Shiffrin, la reine de la discipline.
« J’attendais le podium avec Lena, et je lui ai demandé quel côté je devais mettre pour la deuxième position alors que Mikaela descendait parce que dans ma tête elle allait me battre », a expliqué St-Germain en visioconférence.
Le raisonnement de St-Germain s’explique peut-être par le fait que l’Américaine de 27 ans est entrée dans la compétition samedi avec 52 médailles d’or en carrière en slalom en Coupe du monde, quatre aux Championnats du monde et une autre aux Jeux olympiques.
Aussi, Shiffrin a fait sa deuxième sortie sur la piste du Roc de Fer samedi, après avoir signé le meilleur temps de la première manche.
Son temps de 52.54 secondes lui a ensuite donné une avance de 61 centièmes de seconde sur St-Germain (53.15), auteur du troisième temps. Holdener (52,73) s’est glissé entre les deux Nord-Américains.
St-Germain a admis qu’elle se sentait stressée avant de prendre la piste en deuxième manche.
« J’ai senti la pression, mais mon objectif était de rester calme. J’ai su utiliser un peu de pression pour la transférer en adrénaline et vraiment attaquer la deuxième manche », a expliqué St-Germain.
De plus, a-t-elle dit, elle a essayé de ne pas trop s’inquiéter de son classement final. « Juste avant ma deuxième manche, j’essayais de ne pas trop penser au résultat et évidemment de me concentrer sur l’exécution de mon plan de match. Je me suis dit que même si je recule un peu et que je suis dans le top 5 ou le top 10, je vais quand même être content. »
Pourtant, St-Germain a offert une performance au-delà de ses espérances, négociant le deuxième run en exactement 50 secondes, pour un temps cumulé de 1:43.15. « Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, je cherchais l’écran pour voir mon temps et j’ai vu ‘1’ à côté. Je n’ai pas bien compris. J’ai l’impression qu’il m’a fallu du temps pour être sûr que c’était vrai. Déjà là, j’étais sur un nuage sachant que je gardais ma troisième position », a déclaré St-Germain.
Puis l’inattendu s’est produit lorsque Holdener n’a pas pu terminer sa deuxième manche et que Shiffrin a semblé être en difficulté à mi-chemin de la sienne.
L’Américaine a bouclé son deuxième run en 51.18 secondes, pour un temps final de 1:43.72, à 57 centièmes de seconde de la nouvelle championne du monde. Dürr a complété le podium en 1:43.84.
Plutôt incrédule dans les instants qui ont suivi son triomphe, St-Germain commençait à saisir l’ampleur de son exploit lorsqu’elle a discuté avec les journalistes.
« Oui, tranquillement pas vite, je commence à m’en rendre compte. En fait, c’est probablement la première fois que je m’assois depuis la course. Je n’ai toujours pas mangé, je cours partout. Avoir ma médaille aide beaucoup. C’est un peu le brouillard depuis que j’ai franchi la ligne d’arrivée, mais ça avance lentement. »
Une première depuis 1960
Il s’agit de la première médaille d’or pour une skieuse de slalom canadienne depuis Anne Heggtveit aux Jeux olympiques de 1960 à Squaw Valley, aux États-Unis. Cette compétition faisait également partie des championnats du monde.
Auparavant, le meilleur résultat de St-Germain aux Championnats du monde était sixième du slalom en 2019 en Suède. Une sixième place est également son meilleur résultat en carrière dans un slalom de Coupe du monde en Finlande en 2020.
« Au bout de deux semaines, si je suis un peu fatigué, je ne peux pas aller assez vite en slalom », a déclaré Shiffrin, qui participait à une quatrième course en 12 jours aux Mondiaux.
« Je veux dire, je peux me déplacer assez rapidement en slalom, bien sûr ; J’ai une médaille d’argent. Mais il y aura quelqu’un qui pourra le faire plus rapidement. C’est toujours comme ça. »
Deux autres Canadiennes ont participé à la course, la dernière de la section féminine de ces Championnats du monde.
Ali Nullmeyer de Toronto s’est classé 12e avec un temps cumulé de 1:44.48, dont un second run négocié en 50.01 secondes. Amelia Smart de la Colombie-Britannique a terminé 24ee rang, en 1:45.19.
La médaille de St-Germain est la quatrième du Canada depuis le début des Championnats du monde, et la deuxième en or après celle de James Crawford en super-G le 9 février.
Cameron Alexander, en descente, et le quatuor de Valérie Grenier, Jeffrey Read, Britt Richardson et Erik Read, en parallèle mixte, ont obtenu des médailles de bronze.
Les Championnats du monde de ski alpin se termineront dimanche avec la présentation du slalom masculin. Erik Read sera le seul Canadien à participer.
Avec la presse associée
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