L’accès au logement est un droit et non une marchandise !

L’abandon du programme AccèsLogis vient d’être confirmé par la ministre déléguée au Logement, France-Élaine Duranceau. Après des années de sous-financement et un refus de le mettre à jour malgré les demandes des acteurs communautaires et du développement de logements sociaux, il semblerait que ce programme ne donne plus les résultats escomptés !
Cependant, AccèsLogis a permis de créer 36 800 logements sociaux et communautaires au Québec au cours des 25 dernières années, dont plus de 10 300 logements en coopératives d’habitation. Imaginez si nous avions décidé de l’améliorer plutôt que de le laisser dépérir !
Mais non, désormais l’État québécois financera plutôt les promoteurs privés, seuls garants d’efficacité dans l’aide aux mal-logés… Comme si le secteur privé n’était pas en grande partie responsable de la crise du logement !
Programme de logement abordable du Québec
Ainsi, nous remplaçons déjà AccèsLogis par le Programme de logement abordable du Québec (PHAQ), un programme initialement conçu pour financer la construction de logements privés. Des logements dits « abordables » que la grande majorité des coopérateurs ne pourraient jamais s’offrir, et dont le prix cessera d’être maîtrisé au terme d’un accord avec les promoteurs. Jusqu’à présent, personne n’est en mesure de nous dire la durée de cet accord, ce qui n’augure rien de bon. Après quoi, il n’y aura plus de protection contre les augmentations de sel, les rénovations, les conversions en condos ou Airb’n’b. Et re-bonjour à la crise du logement.
D’autre part, parce qu’elles sont des biens collectifs protégés, les coopératives d’habitation – comme toutes les formes de logement social et communautaire – sont un rempart solide contre les hausses excessives de loyers, la dégradation du tissu social de nos quartiers et l’exclusion des plus démunis. Les coopératives, c’est aussi la mixité sociale, le soutien à son environnement, le réseautage et la solidarité. Une richesse que le marché privé n’offrira jamais.
Manque de logements sociaux
Le défaut du logement social et communautaire est tout simplement de ne pas répondre à la demande. Plus de 40 000 ménages québécois sont présentement sur une liste d’attente pour obtenir un logement social, dont 2 000 dans la région de Québec, en plus de milliers d’autres aux revenus modestes qui attendent une place dans une coopérative. logement. Alors Madame la Ministre, il nous faut de toute urgence un programme adéquat pour en créer un nombre suffisant. Les besoins augmentent de jour en jour et il n’y a pas d’autre issue à la crise sur le long terme.
Dans la région de Québec, on assiste à une hausse sans précédent des prix des loyers dans les quartiers centraux comme St-Jean-Baptiste, Limoilou ou St-Sauveur. Cela fait déjà plus de 10 ans qu’aucune coopérative ne s’est développée dans le centre-ville. Des groupes de citoyens mobilisés au Québec attendent actuellement des nouvelles du ministère pour que leurs projets de coopératives d’habitation puissent enfin voir le jour, en vain. Des centaines de ménages perdent peu à peu espoir.
Nous espérons fortement que le prochain budget permettra aux ménages québécois de trouver un logement décent. Le logement ne doit pas être une marchandise mais un droit garanti pour tous !
Photo fournie par Stéphane Robitaille
Stéphane Robitaille, Administrateur de la Fédération des coopératives d’habitation du Québec, Chaudière-Appalaches
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