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Nouvelles canadiennes

la Méditerranée, un espace politique à réinventer

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C’était il y a un peu plus de quinze ans. Le 13 juillet 2008 à Paris, sous la direction de Nicolas Sarkozy, l’Union pour la Méditerranée (UPM) est lancée. Objectif, donner un élan à la coopération régionale. Une initiative bien accueillie à l’époque, dans le sillage du processus de Barcelone initié en 1995 par Jacques Chirac.

Depuis, c’est le silence dans l’espace médiatique. Secrétaire général de l’UPM depuis 2018, le diplomate égyptien Nasser Kamel, ancien ambassadeur à Paris et Londres, s’exprime en de rares occasions : il a accepté de le faire pour La Croix. Les chercheurs portent un regard sévère sur cette enveloppe administrative de 43 États membres.

Une organisation « sans ambition politique »

« C’est une organisation sans ambition politique, car elle se trouve dans l’impossibilité de formuler des valeurs communes entre démocraties et régimes autoritaires », estime Béligh Nabli, directrice de recherche à l’Iris. Il lui est même très difficile d’établir un discours commun. Les soulèvements arabes de 2011 auraient pu constituer une opportunité politique pour réorienter le projet, mais les espoirs ont été rapidement déçus. »

Les critiques pleuvent : l’UPM s’est appuyée à sa création sur des régimes depuis désavoués : en Tunisie, en Egypte ou en Libye. Très technocratique, l’institution aurait très peu de liens avec la société civile. Cependant, le cadre UPM n’a jamais cessé d’exister et son bilan n’est pas aussi maigre qu’on pourrait le penser. Sur son site, elle se targue d’avoir rassemblé 25 conférences ministérielles, ainsi que 35 réunions de hauts fonctionnaires des 43 États membres.

« Ce n’est certes pas flamboyant, mais la machine a continué à tourner, y compris à distance pendant le Covid-19 », se demande Luis Martinez, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient au Ceri (Sciences Po). Le dialogue n’a jamais été rompu. Nous nous sommes repliés sur l’éducation, l’innovation et la recherche, le climat, la ville durable, des sujets de long terme qui dépassent les problèmes et les différences du court terme. »

Divisions depuis la guerre en Ukraine

En termes d’actions, 59 projets de coopération régionale représentant un budget de plus de 5 milliards d’euros ont été approuvés par l’UPM, dont 10 ont déjà été réalisés. Moins de la moitié des projets concernent le « développement durable » (eau, environnement, climat, énergie, transports), l’autre « développement inclusif » (développement économique, emploi, enseignement supérieur et recherche). On peut citer l’initiative Med4jobs pour l’employabilité des femmes, ou encore le travail en collaboration avec la Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures.

L’Université Euromed de Fès (Maroc), où sont inscrits cette année 3 000 étudiants, a pour objectif de former une nouvelle génération pour promouvoir la perspective euro-méditerranéenne. Pas de quoi convaincre Béligh Nabli : « Il faut prendre l’UPM pour ce qu’elle est, une plateforme de dialogue régional qui s’en tient au fonctionnalisme des initiatives les plus consensuelles. »

Le moment de relancer le projet n’est pas encore venu. La guerre en Ukraine détourne l’attention vers l’Est, allant même jusqu’à diviser le monde méditerranéen, alors que plusieurs pays jouent la carte russe, comme l’Algérie en matière d’armement, ou encore l’Egypte sur le nucléaire civil ou le blé.

Les bombes sur Kiev ne peuvent cependant pas éclipser complètement la région, car celle-ci marque aussi le retour de la géopolitique, selon la thèse de Dorothée Schmid, spécialiste des questions méditerranéennes à l’Ifri. « Après avoir vu naître la mondialisation – la création du canal de Suez en 1869 en est la plus parfaite réalisation –, la Méditerranée a connu un gel, avec l’émergence des nationalismes arabes et du conflit israélo-palestinien, et je crois que nous « On assiste aujourd’hui à un rattrapage, avec la multiplication des acteurs, de la Chine à la Russie », indique le chercheur.

« La Méditerranée est un espace de vie, pas un cimetière »

Les pays européens se sentent menacés par l’effondrement possible de pays au bord de la faillite (Liban, Tunisie) ou par l’existence d’autorités concurrentes (Libye). D’où une relation Nord-Sud dominée par le contrôle des migrations, ou par l’approvisionnement énergétique en provenance d’États riches en hydrocarbures.

L’homélie attendue du pape François au stade Vélodrome de Marseille, le 23 septembre, pourrait faire l’effet d’un électrochoc, espère Luis Martinez. « La Méditerranée offre une vitrine terrible, qui ne montre plus les échanges et la culture mais le drame et la mort, et les bateaux de migrants dont il faut s’occuper avec un regard de moins en moins compatissant. La visite du Pape sera nécessairement symbolique, mais elle peut donner une impulsion politique pour nous rappeler que la Méditerranée est un espace vivant et non un cimetière. »

L’UPM doit encore sortir de son immobilité structurelle. Lors de sa création, l’Allemagne s’est battue pour que cette institution englobe l’ensemble de l’Union européenne, bien au-delà des seuls États riverains de la Méditerranée. « C’est en quelque sorte son « péché originel ». » note Béligh Nabli.

Le « dialogue 5+5 »

Face aux difficultés de trancher à 43 ans, certains ont préféré avancer dans des cercles plus restreints. Le chercheur prend l’exemple du « dialogue 5+5 », avec l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal et Malte pour la rive nord, et l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie pour la rive sud. Il ajoute : « Les acteurs se satisfont de cette ampleur d’échanges qui fonctionne mieux, pour régler les différends, pour des coopérations très concrètes sur le Sahel ou les questions de sécurité. »

Luis Martinez est d’accord : « Les pays les plus coopératifs envers l’Europe, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte sont prêts à jouer la carte de la coopération méditerranéenne. Mais peu à peu, ils se découragent parce qu’ils obtiennent peu en retour. Avec eux, il ne serait pas complètement utopique d’envisager des partenariats de co-développement, avec une relative libre circulation pendant dix à quinze ans pour les travailleurs. »

Après Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron souhaite maintenir une stratégie dans la région, incarnée par la nomination en juillet 2020 d’un ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée, Karim Amellal. Son projet phare : la création d’un fonds maghrébin. Doté de 100 millions d’euros et opéré par la Banque publique d’investissement (BPI), il devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année, a promis le président français le 27 juin à Marseille. Objectif, endiguer la fuite des cerveaux au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

C’était sans compter les initiatives non coordonnées de Rome. Le 23 juillet, la présidente du Conseil italien, la nationaliste Giorgia Meloni, a réuni les dirigeants des pays méditerranéens, dont le président tunisien Kaïs Saïed, pour promouvoir une nouvelle approche coopérative entre pays d’immigration et d’émigration. La France et l’Espagne n’y ont pas envoyé de représentant.

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Un processus entamé il y a près de trente ans

Le 28 novembre 1995, à l’issue de la conférence ministérielle euro-méditerranéenne de Barcelone, L’Union européenne (UE) et dix États riverains adoptent une déclaration qui les engage dans le « processus de Barcelone » dans le but d’établir un partenariat dans les domaines de la sécurité, du développement et de la culture.

Le 13 juillet 2008 à Paris, l’Union pour la Méditerranée (UPM) était officiellement créée, dans le but de promouvoir la stabilité et l’intégration dans toute la région. L’espace rassemble les 27 États membres de l’UE au nord et 16 États au sud et à l’est de la Méditerranée.

De 2008 à 2012, la France (pour le Nord) et l’Egypte (pour le Sud) assurent la première co-présidence. de l’UPM. Ensuite, l’UE a pris le relais au Nord et la Jordanie au Sud.

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