La confiance des consommateurs s’effondre partout au Canada, sauf en Ontario

Pour traverser la tempête, Ying Xue Xiang dit que son conseiller financier lui a suggéré d’investir dans un certificat de placement garanti – afin qu’elle puisse compter sur un rendement plus sûr.
Mais c’est trop bas, ça nous rapporte environ 3%, donc avec l’inflation en ce moment, qui est plus élevée, on perd du terrain
explique la résidente de Toronto, qui espérait bientôt acheter une propriété avec son conjoint.
» C’est un peu difficile de penser à l’avenir en ce moment à Toronto. »
Bien qu’ils s’estiment privilégiés d’avoir de bons emplois, l’inflation ronge leur budget. Leur loyer a augmenté de 350 $ par mois, soit une augmentation de 11 %. Le couple a décidé de limiter ses sorties et de changer d’épicerie pour acheter de la nourriture moins chère.
Pourquoi les Ontariens sont-ils plus optimistes?
L’indice de confiance des consommateurs canadiens a chuté de 2,7 points en février par rapport au mois précédent pour s’établir à 71,4 points, selon la dernière enquête de la Conseil de conférence Du Canada. En un an, ce niveau de confiance a chuté de près de 22 points.
» La confiance est toujours à des niveaux très bas […] et c’est peut-être parce qu’on parle tellement d’une récession que les gens s’y attendent. »
Cette baisse à l’échelle du pays est toutefois atténuée par un certain regain d’optimisme chez les Ontariens. Ailleurs au pays, l’indice de confiance des consommateurs a chuté. La chute a été particulièrement marquée dans les provinces de l’Atlantique.
La vigueur du marché du travail pourrait expliquer cet écart, fait valoir l’économiste en chef du Conseil de conférence Du Canada. L’économie ontarienne a créé près de 63 000 nouveaux emplois en janvier, ce qui se reflète dans les perspectives d’emploi des consommateurs de cette province.
C’est un paradoxe. C’est une bonne nouvelle pour les ménages, mais cela inquiète un peu les banques centrales
dit M. Antunes.
Fondamentalement, la création d’emplois dans notre économie amplifie la demande de biens et de services, ce qui contribue à la hausse des prix. La Banque du Canada tente toujours de contrôler l’inflation au pays – qui ralentit certes, mais qui reste tout de même proche de 6 % – environ trois fois sa cible.
Christina Thomas et son mari, qui attendent leur deuxième enfant le mois prochain, craignent que la banque centrale décide de relever à nouveau son taux directeur cette année. La hausse rapide des taux d’intérêt a fait grimper les versements hypothécaires du couple de Toronto.
» Surtout en tant que parents, on a beaucoup de dépenses, donc c’est vrai que si ça continue d’augmenter, je ne sais pas ce qu’on va faire. C’est inquiétant. »
Bien que le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, se dise déterminé à maintenir le cap afin d’évaluer les effets cumulatifs du resserrement monétaire, son homologue américain entend poursuivre la hausse des taux d’intérêt au sud de la frontière, ce qui aurait des répercussions sur la valeur du huard et l’économie canadienne.
Réticence des consommateurs ressentie par les entreprises
Richard Kempler, directeur général de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario, affirme que les entreprises sont touchées à plusieurs niveaux – par la baisse de confiance des consommateurs et des investisseurs.
» D’une part, nous avons une très forte demande de main-d’œuvre que les employeurs ne parviennent pas à trouver et, d’autre part, nous avons une certaine réticence. »
Même les entreprises qui n’ont pas de problème de trésorerie resserrent les boulons pour couper le non essentiel afin de passer à travers.
il ajoute.
Cependant, le ralentissement économique ne devrait pas durer longtemps, a-t-il déclaré. C’est les six prochains mois, peut-être les neuf prochains mois, mais d’ici l’année prochaine, nous serons sortis de cette turbulence.
croit M. Kempler.
Jean-François Démoré, gestionnaire de portefeuille à Sudbury, dit que la dégringolade boursière des dernières semaines rend les investisseurs nerveux
. L’effondrement de la Silicon Valley Bank et du Credit Suisse, entre autres, leur fait craindre le pire.
Le fondateur de l’entreprise Innova Wealth Partners explique que de nombreuses start-up ont profité des taux d’intérêt bas au début de la pandémie pour emprunter et financer leurs projets d’expansion, mais que le contexte économique actuel révèle certaines failles.
» Le dicton dit que lorsque la marée est haute, tous les bateaux montent. Moi, j’ajoute que quand la marée se retire, on voit ceux qui ne portent pas de maillot de bain. »
M. Démoré croit que ce genre de faillites dans le système bancaire peut avoir un effet domino. Dans le système financier, c’est tellement interconnecté. Il y a toujours un risque de propagation, même pour les banques qui étaient encore très bien capitalisées
il a dit.
Bien sûr, il y a un sentiment d’anxiété. Après avoir entendu parler de la faillite de banques comme la Silicon Valley Bank, raconte le Torontois Ying Xue Xiang. Ça me fait un peu peur, c’est certain. Mais en même temps, je pense que le système bancaire canadien est très solide.
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