Justice. Un couple de « rapatriés » de Libye condamné à 17 et 5 ans de prison

La cour d’assises spéciale a condamné vendredi à 17 ans de réclusion criminelle le Franco-marocain Chaïb Attaf pour avoir rejoint le groupe djihadiste Etat islamique en Libye en 2016. Le tribunal a assorti sa peine d’une mesure de sûreté des deux tiers et ordonné un suivi socio-judiciaire. pendant cinq ans après sa sortie de prison.
L’accusé de 42 ans, originaire d’Auxerre et basé à Louvroil près de Maubeuge (Nord), était jugé depuis lundi pour association de malfaiteurs terroristes (AMT) pour plusieurs tentatives d’adhésion à un réseau de recrutement et zones tenues par l’EI entre 2013 et 2017.
Sa compagne Dounia Bentefrit, 41 ans, sous contrôle judiciaire depuis juin 2022, a également comparu pour l’AMT. Le tribunal l’a condamnée à cinq ans de prison dont deux avec sursis et à l’obligation d’un suivi socio-judiciaire pendant 8 ans, ainsi qu’au maintien du dispositif de prise en charge de la radicalisation en milieu ouvert (PAIRS programme individualisé accompagnement et réinsertion sociale).
« Le djihadiste du clavier »
« Le tribunal n’a pas voulu qu’une réincarcération mette en péril le processus de réinsertion que vous avez entrepris » et la décision est « avant tout dans l’intérêt de vos enfants », a-t-elle indiqué au moment du verdict.
Chaïb Attaf, surnommé « le jihadiste du clavier » dans son entourage, avait depuis longtemps rejoint la mouvance jihadiste et mûri son ralliement au califat autoproclamé de l’EI et la possibilité d’y mourir en martyr.
Expulsé une première fois de Syrie en 2014, il s’est replié sur la Libye où le mouvement terroriste entendait étendre son territoire et a occupé jusqu’en décembre 2016 la ville portuaire de Syrte (Nord) et une grande partie de la côte est.
« Enfer sur Terre
Sur place, « l’eldorado islamique » qu’il dit idéalisé se transforme en « enfer », selon ses propres termes. Sa compagne et leurs deux jeunes enfants resteront clandestinement cloîtrés pendant des mois dans des lieux insalubres, ballottés notamment entre Derna et Sebha, dans le nord-ouest du pays en guerre. Lui raconte qu’il a été traité de « chair à canon » par un groupe de l’EI en déroute, son bataillon décimé par un bombardement.
Il sera arrêté en mai 2017 comme le reste de la famille et tous passeront deux ans dans les geôles libyennes avant d’être expulsés en avril 2019 vers l’Égypte et le mois suivant vers la France.
Chaïb Attaf a assuré lors du procès qu’il n’avait pas combattu, se disant déçu par le groupe EI mais toujours fidèle à l’idée d’un « Etat islamique ». Les deux accusés ont également été condamnés pour s’être soustraits à leurs obligations légales vis-à-vis de leurs enfants.
L’avocat général avait requis une peine de 18 ans d’emprisonnement contre Chaïb Attaf, assortie d’une peine de sûreté des deux tiers, et de 8 ans d’emprisonnement contre sa compagne.
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