Itinérance : les commerçants ferment leurs portes en plein jour

Les citoyens commencent à ne plus se sentir en sécurité au centre-ville de Chicoutimi. Les problèmes d’itinérance sont à la hausse et les comportements violents et agressifs sont préoccupants. A tel point que les commerçants de la rue Racine se sentent obligés de prendre des mesures exceptionnelles pour sécuriser leur clientèle.
Des policiers qui interpellent un homme dans la rue ou des cris impossibles à ignorer. Les sans-abri sont plus nombreux au centre-ville de Chicoutimi. De plus en plus de citoyens font appel à la police de Saguenay pour ce genre de problème.
« Plus de personnes en situation d’itinérance, donc plus d’appels, plus de citoyens qui remarquent ce problème », admet Luc Tardif, porte-parole du Service de police du Saguenay.
« À un moment donné, il faut bien que quelqu’un ouvre les yeux », déplore un citoyen interpellé dans la rue.
Mesures exceptionnelles
Les problèmes sont tellement persistants que les propriétaires du 255 rue Racine ont choisi de verrouiller plus tôt les portes de l’immeuble qui abrite bureaux et commerces. Les portes sont maintenant verrouillées à partir de 15 h en semaine et en tout temps la fin de semaine. Les locataires de l’immeuble qui disposent de commerces ou de bureaux doivent donc venir chercher leurs clients à la porte de l’immeuble.
« Je me dis que surtout les fins de semaine quand on est seuls dans l’immeuble, ça ajoute une certaine sécurité aussi », raconte Jocelyne Gauthier, qui travaille comme coiffeuse au Salon Vision.
Les gestionnaires de l’immeuble avaient embauché un agent de sécurité pendant cinq semaines, ce qui, selon beaucoup, résolvait une partie du problème. Mais son contrat a pris fin plus tôt cette semaine.
« S’il n’était pas très cher, nous l’aurions sûrement gardé car il nous plaisait. S’il n’y avait pas les dégâts qu’ils causent à l’immeuble, je vous dirais que cela nous dérangerait beaucoup moins », explique Valérie Girard, directrice administrative de Harvey’s Property Management.
Ils ont pris des mesures pour essayer de trouver des solutions.
« Nous sommes allés voir la dame qui s’occupe de la communauté. Ils sont conscients du problème, mais comme tout organisme communautaire, ils sont limités dans leurs ressources », poursuit Mme Girard.
Les commerçants en ont assez
En centre-ville, les commerçants manquent de solutions.
« La rue Racine est terrible comment ça s’est passé, c’est même pire que pire que pire ! J’ai peur de venir travailler, j’arrive à 5h du matin. Il y a beaucoup de gens qui vivent beaucoup d’anxiété. Les gens ne veulent plus entrer dans nos commerces », s’inquiète Danielle Duperré, qui travaille au Café du Palais.
« Dans l’immeuble, ça circule, ça va dans les salles de bain, ça fait des dégâts », renchérit Mme Gauthier, qui travaille au Salon Vision.
Harvey’s Property Management reçoit des commentaires à ce sujet tous les jours. Des employés de la Caisse Desjardins leur ont aussi demandé des cartes d’accès pour pouvoir entrer dans l’édifice sans passer par la rue Racine. Les guichets ne sont désormais accessibles que pendant les heures d’ouverture des caisses à certains endroits.
« Nous nous cassons vraiment la tête. Nous ne voulons pas les chasser, ce n’est pas le but. Le but est de les aider », déplore le directeur administratif, qui espère trouver une solution pour accueillir tout le monde.
L’édile n’a pas voulu aborder la situation pour le moment. Elle continue de recueillir des informations liées à ce dossier.
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