Ingérence chinoise : Trudeau de plus en plus isolé

La loyauté est une vertu sacrée en politique.
Elle lie les ministres à leur premier ministre, elle lie les membres d’un gouvernement à la cause du bien commun (du moins, nous l’espérons), elle lie les députés de l’opposition à la quête éventuelle du pouvoir.
Mais que se passe-t-il lorsque cette loyauté est ébranlée ? Il s’agit d’observer la déroute du gouvernement Trudeau dans le scandale de l’ingérence chinoise.
Aucun ministre n’osera défier ouvertement Justin Trudeau. Ce n’est pas le moment.
Mais force est de constater que la solidarité aveugle des débuts s’est effondrée, et pour cause. Justin Trudeau est devenu le kryptonite de son propre gouvernement.
DISTANCES
Lorsqu’il a dévoilé sa dernière invention pour gagner du temps, la possible nomination d’un rapporteur spécial, Justin Trudeau était entouré de pas moins de quatre ministres. Tout pour montrer la cohésion, la solidarité au sein de ce gouvernement ébranlé.
Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine, et le plus proche de tous, Dominic Leblanc, son ami d’enfance, ministre des Affaires intergouvernementales.
Pourtant, une était aux abonnés absents, la plus puissante du club, la vice-première ministre Chrystia Freeland.
Officiellement, cela s’explique. En tant que ministre des Finances, elle a un budget à préparer. Mais par le passé, cela ne l’a jamais empêchée d’occuper tout le terrain politique quand cela a payé. On n’a qu’à penser à son omniprésence dans le dossier de la guerre en Ukraine.
Cette fois, elle est complètement absente. Elle a surtout pris soin de prendre ses distances en lançant une enquête, puis en sévissant contre la banque Wealth One, détenue par des hommes d’affaires chinois.
Elle n’est pas la seule à avoir agi là où le premier ministre vacille.
Le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne a ordonné aux entreprises chinoises de se retirer des minerais stratégiques. Il a également commencé à couper les liens entre les intérêts chinois et la recherche universitaire.
Mélanie Joly a durci les règles d’octroi de visas aux diplomates chinois en refusant l’accréditation de l’un d’entre eux. Surtout, elle exige désormais d’être informée directement des tentatives d’ingérence, plutôt que de se soumettre aux filtres habituels.
Enfin, les ministres ont pris conscience de la menace. Ils veulent que nous le comprenions bien.
Ils réagissent là où leur premier ministre vacille. Encore.
BUNKER
Mais il vacille de plus en plus seul. La scène de vendredi était révélatrice.
Son ami d’enfance, Dominic Leblanc, affronte la presse.
Heureusement, son autre petit ami, Marco Mendicino est chargé d’élaborer un éventuel registre des agents étrangers, un outil indispensable pour imposer un minimum de transparence à ceux payés par Pékin et ses compagnies.
Et pour le soutenir, sur qui parie-t-il ? Le ministre du Commerce international!
Vous voyez, Mary Ng est d’origine chinoise ! Un bel exemple du communautarisme primaire du multiculturalisme à la sauce libérale.
Mais Mary Ng, c’est avant tout une ancienne de cabinet du Premier ministre, une amie proche de son directeur de cabinet.
C’est le cas avec cette crise, seul le cercle des intimes reste pour aller au front.
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