Haute démolition : se faire les dents au Bordel pour jouer l’humoriste

Jean-Philippe Baril-Guérard aime être à la hauteur de ses personnages lorsqu’il écrit un nouveau roman. Dans Royalil avait dépeint avec une fidélité déconcertante le déroulement de la course à l’internat des étudiants en droit de l’Université de Montréal, ainsi que les écueils de l’ultraperformance.
Plus récemment, pour manuel de la faune (adapté pour la télévision par Christian Laurence), il a collaboré avec le programmeur et concepteur de jeux vidéo québécois Lazlo afin de mieux comprendre le monde du numérique.
A l’instar de l’auteur, Étienne Galloy, choisi pour incarner le personnage de Raphaël Massicotte – alias Raph Massi – a décidé de s’immerger dans la vie d’un comédien en courant des numéros au Bordel, sans aucune expérience préalable, si ce n’est de l’improvisation.
J’étais stressé comme ça n’a pas de sens. C’est un autre monde, et je peux comprendre que ça puisse devenir une drogue, parce que quand quelqu’un rit à une de tes blagues, ça fait vraiment plaisir, explique Étienne Galloy. [Mais] Je ne me sentais pas forcément bien. Je n’ai pas choisi le milieu de partie pour rien ; J’aime jouer, mais j’aime le faire un peu dans l’intimité.
» Il y a une phrase dans la série qui m’avait rejoint : Il faut être psychopathe pour crier seul sur scène devant des gens pour les faire rire. »
Un personnage problématique, mais difficile à détester
Démolition élevée raconte la rencontre fusionnelle entre Raph Massi, un comédien émergent en manque de reconnaissance, et Laurie, une jeune femme qui n’a jamais osé poursuivre son rêve de devenir auteur humoristique.
Leur union mutuellement bénéfique – elle manque de contenu, elle manque de courage – ne durera cependant pas longtemps. Lorsque Laurie mettra fin à leur relation personnelle et professionnelle, Raph Massi sombrera dans la dépression et les ténèbres, allant même jusqu’à tenter de nuire à la réputation de son ex par pur désir de vengeance.
Lorsqu’il a appris que son dernier roman allait être porté au petit écran, Jean-Philippe Baril-Guérard a tout de suite pensé à Étienne Galloy pour incarner l’humoriste, après avoir vu l’acteur dans la comédie québécoise Avant d’exploser (2019).
C’était important pour moi d’avoir un interprète qui soit naturellement attachant, car c’est un personnage qui a beaucoup de côtés sombres, désagréables, qui se comporte de manière un peu excessive.
explique l’auteur.
Avoir quelqu’un qui a un bon visage, ça contrebalance ça et ça fait un personnage vraiment intéressant, et difficile à détester, même s’il est parfois problématique.
Quand l’acteur façonne son propre rôle
D’abord approché pour incarner Sam, ami humoriste de Raph Massi incarné par Guillaume Gauthier, Étienne Galloy a surpris l’équipe du casting à l’audition avec un monologue humoristique complètement différent du texte proposé par la production, réécrit avec l’aide du scénariste Eric K. Boulianne .
J’ai proposé quelque chose qui me ressemblait plus, plus jeune, adapté au public que Raphaël pourrait rejoindre à sa sortie de l’École nationale supérieure de l’humour, explique l’acteur. J’aime beaucoup improviser et l’audition s’est bien passée avec Léane Labrèche, qui avait déjà le rôle de Laurie. La chimie que nous avions ensemble a joué un grand rôle.
Jean-Philippe Baril-Guérard abonde dans la direction de l’acteur, lui qui est toujours prêt lorsqu’un interprète souhaite retoucher ses textes. Je ne suis pas fier, c’est la meilleure ligne qui gagne
il résume.
Étienne Galloy et Léane Labrèche-Dor ont aussi eu un gros coup de pouce pour les monologues de Suzie Bouchard, comédienne et auteure à la plume prolifique.
Démolition élevée met également en vedette Irdens Exantus dans le rôle de Thomas, ami de Raphaël et Sam, Éric Bernier dans le rôle d’un manager insupportable, ainsi que Carolanne Foucher (Helena) et Erich Preach (Max Lap), deux autres comédiens de la relève.
Les six épisodes de la série seront diffusés chaque semaine sur Séries Plus, à partir de jeudi soir à 21 h.
Ce texte a été écrit deentrevues réalisées par Catherine Richerchroniqueur culturel à l’émission 15-18. Les commentaires peuvent avoir été modifiés pour plus de clarté ou de concision.
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