Grande « tempête » dans une baignoire

Prospero, duc de Milan et sa fille, la jeune Miranda, sont envoyés en exil sur une île déserte. Grâce à la magie de ses livres, le Duc devient maître du malfaisant Caliban et apprivoise Ariel dans la douceur, l’esprit positif de l’air et le souffle de la vie. Ainsi commence cette pièce parmi les plus célèbres de William Shakespeare, publiée à Londres en 1623, comptant cinq longs actes, et jouée depuis sans interruption sur les scènes du monde entier.

Emmanuel Besnault a fait le pari de proposer une adaptation d’une heure et quart seulement, avec trois comédiens, qui se répartissent en six rôles, sur les 18 personnages de la version habituelle. Pari gagné. Non seulement l’essentiel de l’intrigue est maintenu, mais l’enjeu était aussi de porter la pièce sur l’une des plus petites scènes de Paris, au Théâtre de la Huchette, animé depuis 2016 par l’acteur et metteur en scène Franck Desmedt. . Et là encore « ça marche » comme on dit, en oubliant que cette « Tempête » se tient ici entièrement dans une baignoire.

Avec en prime la création sonore de Jean Galmiche qui permet aux comédiens de pousser la chansonnette. Sur scène, des murs de bois clair peuvent symboliser la coque d’un navire ou l’étendue de la nature, quelques draps blancs devenant du sable ou des voiles. Très vite, Prospero provoque une tempête, et ses ennemis, dont le roi de Naples et ses proches se retrouvent à leur tour isolés sur cette île, à la merci de celui qu’ils avaient exilé. Mais Prospero préfère l’indulgence à la haine de la vengeance. Et son bonheur est de marier sa fille…

Jérome Pradon est un Prospero espiègle qui donne au personnage une profondeur bienveillante, utilisant à bon escient ses pouvoirs du fond de sa caverne. Marion Préïté est successivement Miranda, Arien et Stephano. Masques et costumes passés dans les coulisses à la vitesse du vent lui permettent une prestation sans faille. Même chose pour Ethan Oliel, qui bondit comme un bon petit diable enfile les haillons du méchant Caliban et la parure du beau prince Ferdinand, passant de monstre repoussant à garçon sage victime d’un coup de foudre. Tous les trois sont survitaminés, drôles et étonnants.


Fr1

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