Google reste avare de détails sur le blocage des sites d’actualités


Des hauts dirigeants de Google ont déçu vendredi les élus fédéraux d’une commission parlementaire en refusant de répondre à de nombreuses questions concernant le blocage de sites d’information sur le moteur de recherche pour certains internautes canadiens.

« J’ai beaucoup de mal avec vos réponses. Ce sont des questions très claires ! Je veux que cela soit noté », a déclaré la députée libérale Hedy Fry, présidente du comité parlementaire du Comité permanent du patrimoine canadien (CHPC).

Vendredi, la vice-présidente et directrice nationale de Google Canada, Sabrina Geremia, a déclaré à plusieurs reprises à une commission parlementaire qu’une partie des internautes du pays ne voient pas d’articles de presse dans leur recherche Google d’un « test de produit ». Et non, assure-t-elle, d’une « décision produit » permanente.

Cette information a été martelée, malgré les nombreuses questions posées par les élus de tous les partis. La représentante de Google a également refusé d’expliquer pourquoi son entreprise n’avait pas fourni les documents demandés. À un moment donné, les députés ont exigé que Mme Geremia prête serment de ne dire que la vérité.

La commission parlementaire a exigé, par exemple, que toutes les communications internes liées à son plan de limitation des articles dans les résultats de recherche canadiens, comme les courriels, ainsi qu’une liste des médias touchés, soient obtenues. Le comité n’a reçu que des informations accessibles au public sur le site Internet de la société.

La multinationale mène cette expérimentation depuis le 9 février auprès d’environ 4 % d’utilisateurs canadiens, sélectionnés au hasard. Il s’agit d’une réaction au projet de loi C-18, actuellement devant le Parlement canadien, qui vise à partager les revenus publicitaires entre les géants du Web et les médias d’information.

Le député libéral Anthony Housefather a calculé qu’environ 1,2 million de Canadiens ne voient plus les sites d’information lorsqu’ils effectuent une recherche par mot-clé sur Google. Cette estimation n’a pas été contestée par le représentant de la société. Mme Geremia n’a pas voulu dire vendredi si ces internautes sont avisés, comme l’a demandé le député du Bloc québécois Martin Champoux.

Pour un prix sur les liens

Dans leur présentation, les responsables de Google Canada ont déclaré que le projet de loi C-18 «fixe un prix pour les liens gratuits vers des pages Web», ce à quoi la société s’oppose. Au contraire, Google juge que les liens qu’il génère représentent du « trafic gratuit » vers des sites de médias. En 2022, le moteur de recherche a redirigé 3,6 milliards de fois les internautes vers des sites de médias, pour une valeur estimée à 250 millions de dollars.

« Exiger un paiement basé sur des liens encourage les clickbait bon marché, pas le journalisme de qualité », lit également la réponse officielle de Google publiée vendredi.

Le Bloc Québécois Martin Champoux s’est opposé à cette interprétation, rappelant que son parti a adopté un amendement afin que toutes les entreprises médiatiques visées par cette loi doivent au moins souscrire à un code de conduite. Le responsable des politiques publiques de Google, Jason Kee, a répliqué que des sections de la loi ne relèvent pas de cette règle, sur la base de sa lecture.

Avec C-18, l’intention du gouvernement est surtout d’obliger Google et Facebook à négocier avec les entreprises de presse un partage des revenus publicitaires, à défaut de quoi le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) agirait comme arbitre entre les parties. C’est alors qu’il pourrait, en théorie, y avoir un prix fixé sur un lien vers une page d’actualités.

Tactiques de négociation

Même si les conservateurs ont proposé d’amender C-18 sur cet aspect, les élus de son comité ont été choqués par les gestes posés par la multinationale. « Ce n’est pas une façon de négocier et je crois que c’est une erreur de votre part », a réagi le député Martin Shields.

L’Australie a adopté un projet de loi semblable à celui qui est à l’étude au Canada. Google a réagi en menaçant de quitter le pays en 2021 avant de finalement se plier à la loi.

Selon Google, les articles d’actualité sont encore très accessibles aux Canadiens, même lorsqu’ils sont ciblés par son « test produit », puisque les internautes peuvent toujours les consulter sur son navigateur. Google Canada a confirmé Devoir que cette expérience se terminera la semaine prochaine. L’entreprise souligne également qu’elle contribue financièrement au modèle économique de nombreux médias. Elle a notamment conclu un accord avec Le devoir.

Le comité parlementaire fédéral a d’abord assigné à comparaître des dirigeants de la société mère américaine de Google, Alphabet, tels que son président et directeur général Sundar Pichai, et son président des affaires mondiales et directeur juridique, Kent Walker. Ces responsables américains ne se sont pas présentés à la réunion, même s’il était possible de participer virtuellement.

« Il y aura des conséquences », a déclaré lundi le député du Nouveau Parti démocratique, Peter Julien, peu avant qu’un problème technique ne force le report de la réunion de la commission parlementaire à vendredi.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a lui-même critiqué le comportement du célèbre moteur de recherche en février. « Google préfère empêcher les Canadiens d’accéder aux nouvelles plutôt que de vouloir payer les journalistes pour le travail qu’ils font en tant que professionnels. C’est vraiment triste », a-t-il déclaré.

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