Gérer l’eau en ville | Le devoir

Ce texte fait partie du cahier spécial génie québécois
Avec le réchauffement climatique, apprendre à mieux gérer les eaux pluviales est au cœur des enjeux de nos villes. Sophie Duchesne, professeure-chercheuse au Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), multiplie les projets sur le sujet.
« J’ai toujours aimé comprendre et décrire le fonctionnement des choses et trouver des solutions à des problèmes concrets, ce qui m’a conduit au génie. J’ai aussi un intérêt pour la nature et la préservation de l’environnement », raconte celui qui a obtenu un doctorat en sciences de l’eau à l’INRS. Après un séjour en France au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), elle a travaillé pour la Ville d’Ottawa avant de rejoindre l’INRS en 2003. « Je m’intéresse à tout ce qui touche à la gestion de l’eau en milieu urbanisé, sous un angle quantitatif (quantités d’eau et modélisation mathématique pour mieux gérer la ressource en eau) », résume-t-elle.
De l’eau potable à l’eau de pluie
Les recherches de Sophie Duchesne à l’INRS portent sur trois catégories de sujets, à commencer par l’amélioration de la distribution de l’eau potable dans les municipalités pour réduire les quantités d’énergie nécessaires, les coûts et les pertes en eau. « Nous visons à optimiser la distribution de l’eau dans les villes en utilisant notamment des modèles mathématiques et des outils avancés d’aide à la décision. Nous cherchons également à améliorer notre réponse aux situations problématiques, comme la contamination de l’eau », explique-t-elle.
La deuxième partie de ses recherches porte sur les réseaux de collecte et de gestion des eaux pluviales. « Il s’agit de mieux les gérer pour réduire les risques d’inondation, protéger les citoyens et les infrastructures, mais aussi pour protéger nos cours d’eau des contaminants provenant des eaux de pluie ou des excès d’eau. Nous appliquons différentes approches reconnues depuis longtemps, mais utilisées depuis peu au Québec, pour retenir l’eau de pluie sur place, l’infiltrer et utiliser les infrastructures naturelles pour la gérer », explique le professeur. Elle intervient également sur la gestion et le renouvellement des réseaux souterrains de distribution d’eau potable et de collecte et transport des eaux pluviales et des eaux usées.
S’adapter au changement climatique
Depuis plusieurs années, Sophie Duchesne développe un programme de recherche avec les professeurs Geneviève Pelletier et Guillaume Grégoire, de l’Université Laval, qui vise à évaluer comment les infrastructures végétalisées peuvent mieux gérer l’eau de pluie dans les climats froids.
Des sites expérimentaux ont été installés dans plusieurs municipalités du Québec, dont un stationnement incitatif à Boucherville utilisant un pavage perméable avec des structures de biorétention végétalisées. Celles-ci permettent de retenir l’eau de pluie et de l’infiltrer dans le sol, les plantes réalisant également un travail d’« évapotranspiration ». « Nous recréons en quelque sorte le cycle naturel de l’eau de ville en favorisant l’infiltration et l’évaporation plutôt que de laisser cette eau s’écouler très rapidement sur des surfaces imperméables et de l’envoyer dans les réseaux d’assainissement », décrit l’enseignant. L’équipe de recherche a pu mesurer que plus de 90 % des contaminants courants (polluants) ont été éliminés des eaux pluviales grâce au pavage perméable avec biorétention.
La spécialiste de l’ingénierie de l’eau, qui collabore régulièrement dans ses recherches avec des urbanistes, experts en phytotechnologie, en écosystèmes urbains (faune et flore), en adaptation au changement climatique, mais aussi en sciences sociales (pour l’acceptation sociale et l’amélioration de la qualité de vie), est optimiste quant à l’avenir de nos villes. « Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais les solutions que nous développons réduiront les îlots de chaleur et les risques d’inondation en milieu urbain », précise-t-elle. En apprenant à mieux gérer nos eaux pluviales, on essaie de reproduire ce que la nature a toujours bien fait plutôt que d’essayer de la contrôler, et on trouve des solutions pour s’adapter au changement climatique. »
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relatif à la commercialisation. La rédaction de Devoir n’a pas participé.
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