François Legault, le Canadien : où est notre premier ministre autonomiste ?


Il avait promis l’autonomie. Ici, il joue la carte canadienne.

Au chef du Parti québécois qui lui demande une commission sur l’avenir du Québec, il en est réduit à répondre que les Québécois ont mis de côté le débat sur la souveraineté depuis 50 ans.

Certes, mais cela ne change rien au fait que face à Ottawa, François Legault a fait blanc.

L’ironie est qu’il tente maintenant la carte du fédéralisme pour réussir là où son nationalisme clinquant a échoué.

Vague mémoire

En effet, les 21 revendications de son Nouveau projet pour les nationalistes québécois semblent bien loin.

La déclaration fiscale unique, si urgente en 2018, n’est plus qu’un vague souvenir. Le dernier mot sur les projets environnementaux refait surface de temps en temps, mais rien de plus.

Qu’en est-il de l’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser?

On s’accroche, in extremis, à l’espoir d’une forme de compromis sur la loi 101 pour les compagnies fédérales.

Même les pleins pouvoirs en matière d’immigration, pourtant essentiels à la survie de la nation, disait François Legault au printemps dernier, semblent être devenus tabous.

Or, c’est précisément sur le front de l’immigration que le virage stratégique est évident.

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Quelles alliances ?

La tactique du front commun en matière de santé se sera révélée futile, pire, humiliante. C’était mal comprendre ses homologues que d’imaginer qu’ils résisteraient longtemps.

Mais ils restent des politiciens. Pelleter le problème de Roxham Road pour eux était très rusé.

Parlez aux maires de Niagara et de Cornwall qui se disent débordés avec à peine 3 000 demandeurs d’asile.

Du coup, le Canada ne peut plus réduire le débat à la prétendue xénophobie des Québécois. C’est devenu un débat national.

François Legault a utilisé l’Ontario pour défendre les intérêts des Québécois. Qui aurait pensé qu’il exploiterait si habilement la carte canadienne.

Mais là où il a le plus surpris, c’est certainement lorsqu’il était à Terre-Neuve. Non seulement il a posé un acte de contrition pour l’injustice ressentie par les Terre-Neuviens pour le contrat de Churchill Falls, mais il est allé là où aucun de ses prédécesseurs n’avait osé.

François Legault a tacitement enterré la hache de guerre sur l’un des différends les plus symboliques de l’histoire commune des deux provinces. En désignant la province comme Terre-Neuve-et-Labrador, il concède essentiellement l’annexion en 1927 du vaste territoire qui avait autrefois appartenu au Québec.

C’est purement symbolique. Mais c’est aussi révélateur des concessions idéologiques que François Legault est prêt à faire pour faire avancer les intérêts du Québec.

Le contrat « gagnant-gagnant » sur Churchill Falls, il le veut. Cette électricité, le Québec en a besoin.

Horizon

Ce qui compte en ce début d’année 2023, c’est d’aller de l’avant. Pas tant vers l’autonomie, mais vers des gains réels. Une source d’électricité stratégique pour la transition énergétique, une solution au problème quasi insoluble de Roxham Road.

François Legault semble soudain prêt à danser le tango canadien pour parvenir à ses fins.

Les souverainistes vous diront qu’il perd son temps, que la crise va éclater autour de la laïcité et du français.

Peut-être, mais entre-temps l’autonomisme obstiné d’hier a cédé la place à une soudaine élasticité.



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