Fonderie Horne : il y a de quoi être fâché, même quand on n’habite pas à Rouyn-Noranda


Quand on connaît des gens qui habitent Rouyn-Noranda, on comprend leur colère.

Et pas seulement parce que certains ont appris dans les médias qu’ils vont devoir déménager alors que la Fonderie Horne continue de polluer.

Santé

Jennifer est née et a grandi à 500m de la fonderie. Elle est allée étudier au Québec, puis est revenue dans sa famille dans la communauté qu’elle aime pour y avoir ses enfants. Malgré la présence de la fonderie, celle-ci se croyait protégée par les mêmes normes qu’ailleurs au Québec.

Elle n’aurait jamais cru que le gouvernement permettrait à une société de plusieurs milliards de dollars d’enfreindre les lois conçues pour protéger sa santé. Pas à notre époque. Pas au Québec.

Jennifer n’a que 43 ans et mène une vie saine. Pourtant, elle a plusieurs problèmes de santé combinés que son médecin ne peut expliquer : douleurs articulaires, maux d’estomac, problèmes de thyroïde et perte de cheveux.

Principe de précaution

S’il est impossible de prouver que la pollution émise par la fonderie est responsable de problèmes de santé spécifiques, on sait hors de tout doute que l’arsenic, le plomb, le nickel, le cuivre et d’autres métaux peuvent nuire à la santé.

Le hic, c’est que les problèmes de santé liés à la pollution peuvent survenir des années après avoir été exposés. La population a donc un faux sentiment de sécurité.

Les travailleurs de l’amiante l’ont appris à leurs dépens. Pendant longtemps, le principe de précaution n’a pas été appliqué.

Insuffisant

Les nouvelles normes annoncées jeudi par le gouvernement autorisent Glencore à émettre 15 fois plus d’arsenic qu’ailleurs au Québec pendant quatre ans, pour abaisser à une norme cinq fois supérieure à la norme de 2027.

Il n’y a même pas de plan pour atteindre la norme nationale ! Comme si la santé des gens de Rouyn-Noranda méritait moins de protection qu’ailleurs.

Mépris

Malgré la reconnaissance de certaines améliorations à la réglementation proposée, les citoyens de Rouyn-Noranda se sentent méprisés par les autorités qui devraient protéger leur santé.

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées lors de la conférence de presse du ministre de l’Environnement Benoit Charette. L’une des pancartes disait : « Nos vies valent plus que leurs profits. »

Émilie Robert de Mères sur le front de Rouyn-Noranda est outrée que le gouvernement permette à Glencore de polluer autant, alors que la population a déjà été trop exposée.

En tant que biologiste, elle comprend bien les risques. Elle les a également vécues, ayant donné naissance à un bébé de faible poids.

Elle rappelle que la fonderie a le contrôle des matériaux qu’elle brûle. Elle pourrait donc réduire ses émissions rapidement en mettant moins de déchets dangereux dans ses poêles. Cependant, il paie beaucoup moins.

Glencore n’est cependant pas à court d’argent. Elle a distribué 7 milliards de dollars à ses actionnaires en 2022. Ce qui lui manque, c’est l’éthique.

La multinationale figure également sur la liste des pires multinationales pour la violation des droits de l’homme, des travailleurs et de l’environnement.

Oui, il y a de quoi être en colère ! Même lorsque vous n’habitez pas à Rouyn-Noranda.




journaldequebec

Back to top button