Exposition Isamu Noguchi à Lille, le sculpteur qui jouait avec les frontières

Flamboyant et immaculé d’or, Léda captive le visiteur depuis la deuxième salle de l’exposition »Isamu Noguchi. Sculpter le monde » au musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq. Après un ensemble de sculptures en laiton ou en or, la pureté des formes de la belle, entourée de bustes sculptés comme une galerie d’admirateurs, s’empare. On comprend tout de suite que l’artiste américano-japonais, d’abord influencé par l’art figuratif d’Auguste Rodin, a été marqué par sa rencontre avec un autre créateur : Constantin Brancusi.

En effet, si Isamu Noguchi se forme à la sculpture aux États-Unis après une enfance passée au Japon, il s’installe à Paris en 1927, désireux de côtoyer l’avant-garde. C’est là qu’il devient l’assistant du sculpteur roumain et fréquente de grands noms de l’art moderne comme Alberto Giacometti, Foujita ou Alexander Calder. » Pour moi, tu sais, tout ce truc d’art expérimental a commencé à Paris se souvient Noguchi. Grâce à Brancusi, qui dépasse l’héritage de Rodin pour aller vers l’abstraction et la pureté absolue des formes, le jeune artiste comprend à quel point l’espace est au fondement de la sculpture.

Un sculpteur méconnu en France

S’il a navigué entre les cultures, la France a donc longtemps imprégné Noguchi. Cependant, il reste trop peu connu sur notre territoire. « Aucune de ses oeuvres n’est entrée dans nos collections publiques », souligne Sébastien Delot, le commissaire de l’exposition, heureux de pouvoir présenter la plus grande rétrospective de l’artiste en Europe depuis vingt ans : près de 250 œuvres – dont une bonne soixantaine présentées pour la première fois – venant en grande majorité des Etats-Unis – Uni. Un partenariat avec trois musées européens à Londres, Cologne et Berne, qui ont déjà accueilli l’exposition, a réuni cet ensemble exceptionnel.

Aires de jeux, meubles tels que table basse ou encore des jardins de sculptures rappelant ceux du Japon, avec leurs pierres savamment mises en scène : la grande diversité des œuvres d’Isamu Noguchi se dévoile tout au long du parcours. Véritables icônes du design, ses fameuses lampes en papier japonais Akarien papier de mûrier ancestral, flottent majestueusement au cœur de l’exposition.

Collaborations avec le théâtre et la danse

Rapidement, l’artiste cherche à « élargir les possibilités de la sculpture » et d’établir des collaborations avec les mondes du théâtre et de la danse, souhaitant restituer le lien entre la sculpture et la figure humaine. De retour à New York à la fin des années 1920, il collabore une vingtaine de fois avec la chorégraphe Martha Graham : dans l’exposition, un immense carrousel d’images fait tourbillonner des photographies de ses spectacles devant les sculptures de Noguchi, portées hier par les danseurs.

Dernière surprise, l’attirance de Noguchi pour la céramique. Au cours de ses nombreux voyages en Inde, au Mexique et au Japon, le sculpteur n’a cessé de repousser les limites de son art, se réappropriant des savoir-faire culturels. Son idéal ? Une sculpture sociale, voire design, qui occupe tous les espaces de la vie quotidienne.

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Le LaM fête ses 40 ans

Le musée a produit plus de 200 expositions depuis son ouverture en 1983. Aujourd’hui, 90% des éléments scénographiques de ses expositions temporaires sont recyclés ou récupérés.

En 2023, en plus de l’exposition « Isamu Noguchi. Sculptant le monde » jusqu’au 2 juillet, un nouveau parcours de la collection permanente est mis en place, mêlant art moderne, art contemporain et art brut.

13 et 14 mai, le LaM invite le public à venir souffler ses 40 bougies avec plusieurs animations et spectacles.

En automne, Pour clôturer son année anniversaire, le LaM consacrera une grande exposition temporaire à l’artiste allemand Anselm Kiefer.


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