[Éditorial] Avenir du PLQ : La foi du charbonnier fédéraliste


C’est lundi prochain qu’on saura si c’est un député de Québec solidaire ou du Parti libéral du Québec qui représentera les électeurs de Saint-Henri–Sainte-Anne. Une défaite du PLQ serait évidemment un désastre pour l’ancien parti. Mais la perspective bien réelle que ce château libéral, dont près d’un tiers de la population parle le plus souvent anglais à la maison, puisse échapper aux libéraux est en soi accablante pour eux. Leur victoire, qui s’annonce serrée si elle se concrétise, ne leur arrangerait rien.

Le dernier sondage Léger publié dans Le devoir donne une idée de la profondeur du gouffre dans lequel est plongé le PLQ. Ainsi, dans l’ensemble du Québec, le parti politique recueille 14 % des appuis, comme lors de la dernière élection générale, et seulement 4 % des intentions de vote chez les francophones. Que ce soit dans la grande région de Québec ou dans le reste du Québec hors Québec et Montréal, le PLQ, avec respectivement 6 % et 5 % des intentions de vote, apparaît comme un tiers marginal.

Même le Parti conservateur d’Éric Duhaime, que le sondage abuse en ne lui accordant que 9 % d’intentions de vote, fait mieux que le PLQ chez les francophones, en fait, deux fois mieux, avec 8 % d’appuis.

Après le virage nationaliste initié par Dominique Anglade et abandonné pour sauver la mise – c’est-à-dire le vote des irréductibles libéraux essentiellement non francophones, le PLQ est mûr pour une réflexion approfondie sur ses orientations. Certains voudraient qu’on attende la course à la chefferie et l’élection du prochain chef, d’autres croient que le travail devrait commencer maintenant. Ministre libéral dans le cabinet de Jean Charest, Benoît Pelletier a lancé certaines idées. L’ancien rédacteur en chef de La presse et l’ancien sénateur libéral André Pratte a déjà commencé à s’impliquer.

Désormais membre en règle du PLQ, André Pratte a été mandaté pour diriger un groupe de réflexion sur l’avenir et l’identité du parti, selon le chroniqueur Jonathan Trudeau du 98.5 FM, sans que le caucus ne soit concerné. autrement informé.

Dans diverses chroniques qu’il a publiées récemment, André Pratte montre qu’il a déjà des idées claires, voire bien définies, sur ce que le parti doit incarner. Les libéraux doivent arrêter de « se flageller » ; ils devraient plutôt se reconnaître dans les bilans des gouvernements Charest et Couillard. Nul besoin de chercher plus loin que la constitution du parti pour trouver les principes sur lesquels reconstruire la formation politique : « la primauté de la personne, les libertés individuelles ». D’où l’importance qu’il ne subsiste aucun doute quant à l’opposition du parti à l’utilisation « abusive » de la disposition dérogatoire dans la loi 96 sur le français langue commune et, cela va de soi, dans la loi 21 sur la laïcité. De plus, le PLQ est le seul parti qui allie la «ferme défense des intérêts de la province» et «une foi inébranlable dans les avantages du projet canadien pour le Québec».

Benoît Pelletier croit aussi que le PLQ doit renouer avec ses fondations, mais ce ne sont pas les mêmes. L’ancien ministre reproche à certains libéraux de ne plus comprendre ce qu’est le fédéralisme dans une perspective québécoise. L’adhésion au fédéralisme, surtout lorsqu’il est déformé pour faire du Canada un État de plus en plus unitaire, ne peut être inconditionnelle. Comme Robert Bourassa, c’est la défense des intérêts du peuple québécois qui doit primer. Quant aux dispositions dérogatoires de la Charte canadienne des droits et libertés, elles sont un moyen pour le Québec d’affirmer son caractère distinct face à la vision uniforme des juges nommés par Ottawa. Selon lui, le PLQ devrait appuyer l’idée de Paul St-Pierre Plamondon de tenir une commission sur l’avenir du Québec, une avenue rejetée à la fois par François Legault et le chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay.

Tout porte à croire que c’est la vision de l’ancien sénateur qui a le plus de chances de l’emporter dans un parti et auprès d’élus qui, par la force des choses, sont de moins en moins représentatifs du Québec. dans son intégralité. Rien n’empêcherait d’ailleurs André Pratte de se porter candidat à la direction du PLQ pour défendre cette vision. Dans une chronique de décembre, il dénonçait l’âgisme dont souffrait Pierre Moreau, 64 ans, lorsque son nom circulait pour la chefferie. Ainsi, « il n’y a jamais eu de corrélation entre l’âge et la qualité du leadership », assure l’ancien sénateur de 65 ans. Le même argument pourrait être utilisé pour mettre en avant sa candidature.

Cependant, sa vision ne semble pas différente de celle de Philippe Couillard qui avait du mal à « faire le lien » avec les Québécois. Le problème avec les nouvelles idées d’André Pratte, c’est qu’elles ne sont pas si nouvelles. La défense des juges « fédéraux » par le gouvernement ainsi que la foi du charbonnier fédéraliste telle qu’elle l’affiche n’ont pas fait la fortune récente du PLQ.

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