Doug Ford revient à Queen’s Park avec l’urgence de réformer le système de santé


On a déjà une idée de la restructuration à venir : le gouvernement Ford veut notamment faire plus de place aux cliniques privées, en augmentant le nombre et la gamme des interventions médicales qui y sont pratiquées. Son objectif : réduire les temps d’attente et libérer de la capacité dans des hôpitaux débordés. C’est l’un des premiers projets de loi à être déposé à son retour à la Chambre. Nous nous attendons à des débats houleux avec l’opposition.

Doug Ford sait qu’il touche ici une corde sensible. D’ailleurs, il n’utilise jamais le mot privéparler davantage des centres de santé indépendant et communautaire. Il y a aussi une autre phrase que Ford et Jones répètent : Les Ontariens n’auront jamais à utiliser leur carte de crédit, ce sera toujours leur carte santé. En d’autres termes, nous n’essayons pas de créer un système de santé à deux vitesses, en essayant de rassurer le gouvernement.

Mais les pratiques privées de vente incitative (vente incitative) – se voir offrir des services supplémentaires qui ne sont pas couverts par l’assurance-maladie – ont fait leurs preuves en Ontario; le vérificateur général l’a noté dans un rapport (Nouvelle fenetre). Le ministre de la Santé rappelle que les patients qui ne se voient pas proposer une option de soins remboursés peuvent porter plainte. Un processus qui n’est pas si simple, comme nous l’avions signalé. Le gouvernement Ford devra faire plus pour convaincre à cet égard.

Le Premier ministre Doug Ford veut réformer le système de santé, et insiste sur le fait que le « statu quo n’est plus acceptable ».

Photo : Radio-Canada/Evan Mitsui/CBC

De nombreuses questions restent également sans réponse : combien de nouvelles licences de cliniques privées seront accordées ? Combien de ces centres seront à but lucratif? Le Nord de l’Ontario sera-t-il desservi? Y aura-t-il une liste d’attente centralisée ? Et comment éviter un exode des personnels de santé du public vers le privé ? Le diable est dans les détails, il faut attendre l’addition.

En tout cas, la pression pour agir est forte pour le gouvernement Ford, souligne la professeure à l’Université d’Ottawa Geneviève Tellier. Les problèmes persistent, pénuries de main-d’œuvre, listes d’attente.

Justement, M. Ford a peut-être choisi le bon moment pour s’ouvrir à la privatisation. On a un peu l’impression au sein de la population qu’on est découragés, note le politologue, et qu’on est prêts à se tourner vers n’importe quel type d’organisme, si c’est pour s’assurer qu’on a des services. Je pense que les gens sont peut-être un peu plus ouverts à l’idée de privatisation qu’ils ne l’étaient il y a quelques années. Évidemment, ce n’est pas quelque chose qui fait consensus. D’ailleurs, il reste à prouver si c’est la solution.

L’administration Ford a d’autres idées pour améliorer le réseau et pallier la pénurie de personnel : entre autres, faire venir des travailleurs d’autres provinces et leur permettre de travailler immédiatement. Il doit aussi présenter une facture pour permettre l’affectation temporaire d’infirmiers, d’ambulanciers et d’inhalothérapeutes hors du cadre de leurs responsabilités ou cercles habituels.

Ceinture de verdure et liens avec les développeurs

Le gouvernement Ford a fait du logement sa priorité l’automne dernier en Parc de la Reine, et rappelle encore régulièrement son objectif de construire 1,5 million de logements neufs en dix ans. Une façon d’y parvenir est de retirer 7 400 acres de la Ceinture de verdure, une zone protégée dans la région de Toronto, pour y permettre la construction.

Il est peu probable que les tensions à ce sujet s’apaisent. Ce plan controversé fait déjà l’objet d’enquêtes indépendantes du commissaire à l’intégrité et du vérificateur général. La Police provinciale de l’Ontario examine également le dossier.

Les partis d’opposition continuent ici de remettre en question les liens entre l’administration Ford et ses amis promoteurs. Ils allèguent que le gouvernement a averti certains promoteurs immobiliers de ses plans, qui bénéficieraient des nouvelles limites.

Un panneau routier dans une zone boisée.

Le gouvernement Ford a changé les limites de la Ceinture de verdure, une décision qui continue de remuer.

Photo : La Fondation de la ceinture de verdure

De récentes révélations sur des promoteurs invités aux festivités de mariage d’une des filles du premier ministre ont ajouté de l’eau au moulin. Ça ne sent pas bon, répètent le NPD, les Libéraux et les Verts.

Pour Geneviève Tellier, les enquêtes en cours n’empêcheront probablement pas le développement immobilier, mais toute cette affaire peut miner la crédibilité du premier ministre. Ce n’est pas à négliger, cela pourrait lui porter atteinte à sa réputation et le soutien du public pourrait s’effriter.

Les libéraux ont été pénalisés – et c’est peut-être en partie pour cette raison qu’ils ont perdu la dernière fois les élections de 2018 – après des allégations de copinage, se souvient-elle. Nous avons dit : nous savons, les politiciens, le gouvernement au pouvoir, récompensent leurs amis et ne pensent pas au bien du public.

partis d’opposition

Ce retour au Parlement marque également l’entrée en scène de Marit Stiles comme chef de l’opposition officielle. Le nouveau chef de NPD n’a pas encore clarifié la vision qu’elle a de son parti et comment elle se distinguera de son prédécesseur Andrea Horwath. Pour l’instant, elle a promis d’être « à l’écoute ». Son entrée en fonction garantit au moins un peu plus de stabilité face au gouvernement Ford.

Marit Stiles, debout derrière un podium orange, entourée de deux membres de son caucus.

La nouvelle chef du NPD Marit Stiles, lors d’une réunion de caucus quelques jours avant ce retour au parlement.

Photo : Radio Canada

Le Parti libéral, pour sa part, n’était pas pressé de tenir une course à la chefferie. Elle compte toujours préciser les modalités de cette élection lors de son assemblée annuelle début mars.

Plusieurs candidats potentiels émergent : les députés fédéraux Nate Erskine-Smith et Yasir Naqvi et les provinciaux Mitzie Hunter et Ted Hsu font partie des noms qui circulent… ainsi qu’un certain Mike Schreiner ? Le chef du Parti vert de l’Ontario, directement courtisé par certains libéraux, songe-t-il vraiment à se lancer dans cette course? Il a dit qu’il voulait prendre le temps d’y penser. Il aura au moins bénéficié d’une augmenter d’estime.

Impact de l’affaire Tory ?

La démission choc du maire de Toronto intervient dans un contexte particulier : John Tory venait d’obtenir de nouveaux pouvoirs de maire fort de la province, qu’il a lui-même demandées et qui lui permettent de prendre certaines décisions avec l’appui d’un tiers seulement du conseil.

Doug Ford avait dit oui à Tory car il voyait en lui un allié, capable de porter les priorités des progressistes-conservateurs à l’hôtel de ville. Mais si un maire d’une autre sensibilité politique est élu pour lui succéder, cela risque de compliquer le tableau.

Le prochain maire de Toronto pourrait être quelqu’un de moins enclin à collaborer avec M. Ford, notamment en matière de développement domiciliaire rapide ou de transport en communnote Geneviève Tellier, qui rappelle que le maire d’Ottawa a refusé d’utiliser les superpouvoirs que la province lui offrait aussi.

Le premier ministre de l'Ontario Doug Ford et le maire John Tory lors d'un rassemblement en l'honneur des victimes de la fusillade de Toronto.

Doug Ford regrette le départ de John Tory, qu’il considérait comme un allié.

Photo : La Presse canadienne/Chris Young

Doug Ford ne cachait pas ses craintes : Si un maire de gauche arrive, on est foutus, ce serait la catastrophe, à mon avisdit-il la semaine dernière.

De plus, on pourrait assister à une redistribution des cartes Parc de la Reine si les députés provinciaux décident de se présenter à la mairie. Le politologue Peter Graefe ne serait pas surpris de voir Michael Ford, le neveu de Doug Ford, sauter dans la mêlée.

A regarder aussi – en rafale :

  • Le budget de l’Ontario est normalement dû pour le 31 mars. Le ministre des Finances pourra-t-il équilibrer les comptes? Peter Bethlenfalvy a déjà indiqué que la situation s’est améliorée depuis la mise à jour économique de l’automne dernier, malgré « l’incertitude économique et géopolitique ». Il faudra notamment surveiller le budget de la santé et ce qui sortira des négociations bilatérales entre Ottawa et l’Ontario.
  • Une élection partielle est prévue le 16 mars dans Hamilton-Centre pour pourvoir l’ancien siège d’Andrea Horwath : un premier test pour le NPD sous la direction de Marit Stiles.
  • La négociation collective avec les enseignants se poursuit. Aux dernières nouvelles, ils étaient encore loin d’un accord. Mais le gouvernement Ford a certainement tiré les leçons de sa chute explosive avec les travailleurs de l’éducation, et le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, a promis des négociations de «bonne foi».
  • Le gouvernement Ford a décidé d’en appeler d’une décision d’un juge de la Cour supérieure, qui a déclaré la loi 124 invalide. La loi limite les augmentations de salaire dans le secteur public à 1%, et les critiques disent qu’elle a exacerbé les problèmes d’embauche et de rétention. Si l’appel de la province échoue, elle devra payer des milliards de dollars en paiements rétroactifs.


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