[Critique] « The Quiet Girl », ou comment dire « je t’aime » en irlandais
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Après un franc succès dans les festivals, notamment à Berlin, où il remporte l’Ours d’argent du jury adolescent, le premier long métrage de fiction de Colm Bairéad représente désormais l’Irlande en nomination à l’Oscar du meilleur film international, face à de grands noms tels que Saint Omer Et Éo. S’il mérite indéniablement sa place dans la prestigieuse compétition, La fille tranquille n’a cependant eu qu’une sortie en salle très discrète au Québec, par rapport à ses concurrents.
Ne vous y trompez pas cependant. Ce touchant conte initiatique se déroulant dans l’Irlande rurale des années 1980 a tout pour plaire aux cinéphiles locaux, notamment les plus friands de cinéma contemplatif et doux.
Ne serait-ce que pour son traitement unique de la langue, de nombreux Québécois sont susceptibles de s’y reconnaître. C’est le plus grand succès critique et commercial de l’histoire du cinéma irlandais à avoir été tourné dans la première langue officielle du pays, le gaélique irlandais. Assimilés à la culture anglophone hégémonique voisine, les personnages naviguent constamment entre les deux langues. On les voit même faire de petits gestes de résistance au quotidien, entre l’apprentissage de leur langue à l’école et la pratique de leurs rites funéraires à la maison.
Paradoxalement, c’est surtout dans les non-dits qu’ils parviennent à s’émouvoir, à briller. Et La fille tranquille, adapté de la nouvelle Favoriser (2010), de Claire Keegan, reste avant tout une histoire d’émancipation personnelle plutôt que nationale.
On assiste ainsi à l’émancipation de la très timide, mais ô combien sensible, Cáit (Catherine Clinch). Délaissée par sa famille et ses camarades de classe, elle semble à première vue aussi chétive que touchante. Très pauvres, ses parents n’ont pas les moyens de subvenir à ses besoins et à ceux de leur nouveau-né en même temps. Alors ils la confient, un jour, à son oncle et sa tante, mieux lotis, pour un été. Apparemment très chaleureux, ils cachent cependant un lourd secret qui risque de compromettre leur relation.
La jeune fille tisse néanmoins des liens forts avec eux, à tel point qu’ils interrogent, pour Cáit, le sens même de la famille. « Pouvons-nous choisir nos parents ? on dirait qu’elle se demande quand son regard mélancolique se perd dans les yeux de sa gentille tante Eibhlín (Carrie Crowley). Le vieux couple lui apprend alors à aimer et à être aimé comme personne ne l’a fait auparavant.
Malgré des performances d’acteurs qui vont droit au cœur, quelques raccourcis scénaristiques évitables nuisent à la crédibilité de certaines scènes. Heureusement, la mise en scène sauve toujours la mise. Chaque cliché, joliment éclairé avec des couleurs chaudes qui contrastent avec le ciel gris d’Irlande, est brillamment composé et place toujours les personnages au centre d’un cadre bien défini – renforcé par le format carré de l’image, qui les ennoblit.
A la fois universelle et profondément ancrée dans une culture locale subtilement représentée, La fille tranquille ouvre la voie à Colm Bairéad vers une brillante carrière d’écrivain de fiction.
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