Courteau chute, son homologue ontarien reste en selle

Une semaine après la démission du commissaire de la Ligue junior majeure du Québec, Gilles Courteau, son homologue ontarien, David Branch, de la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL), reste bien en selle. Les experts y voient une preuve de la puissance de la ligue ontarienne et le résultat d’une gestion de crise avant la poursuite de la ligue.
David Branch a peu commenté le procès, qui prétend que les trois ligues juniors du pays – situées au Québec, en Ontario et dans l’Ouest canadien – ont maintenu une culture du silence qui masquait une culture de la violence. Dans un affidavit, en novembre 2021, l’une des seules fois où il s’est exprimé sur l’affaire, le commissaire a laissé entendre que les initiations étaient dues « au comportement des agresseurs qui agissaient individuellement et au comportement spécifique des équipes ».
Les commentaires, que Taylor McKee, professeur de gestion sportive à l’Université Brock, qualifient de « décevants », n’ont pas suscité de réaction chez les politiciens provinciaux. Or, selon l’expert, « s’il avait donné cette réponse en public, son cas serait examiné de plus près ». « C’est le genre de réponse qui permet les abus », dit-il. Mais David Branch a plutôt poursuivi son travail, sans être particulièrement interpellé par Queen’s Park.
Ann Pegoraro, titulaire de la chaire de recherche en gestion du sport à l’Université de Guelph, estime que David Branch s’est aidé en commentant l’histoire de Daniel Carcillo dès 2018, deux ans avant qu’il ne lance la poursuite avec deux autres ex-joueurs. Le commissaire a alors déclaré qu’il avait «lâché» le futur plaignant. Cela a aidé à éclaircir l’histoire dans la province. Mais celui-ci n’est pas terminé, dit-elle. « Que s’est-il passé depuis ? se demande-t-elle.
Taylor McKee ne voit pas comment Queen’s Park peut accepter de poser la question au commissaire en commission parlementaire, comme l’a fait l’Assemblée nationale. Plusieurs députés ontariens, a-t-il dit, représentent des régions qui ont des équipes juniors, le gouvernement Ford a récemment défendu la ligue dans un autre recours collectif, et David Branch aurait gagné la sympathie du public pour ses positions parfois progressistes sur la protection des joueurs.
Dans un communiqué, Alan Sakach, porte-parole du ministre des Sports de l’Ontario, Neil Lumsden, a déclaré qu’il ne pouvait pas commenter une affaire actuellement devant le tribunal. Mais les responsables du ministère « étudient la possibilité de créer un organe indépendant qui pourrait recevoir et examiner les allégations d’abus ou de mauvais traitements ».
Commissaire influent
David Branch est à la tête de l’OHL depuis 42 ans, cinq ans de plus que Gilles Courteau. Il a également été président de la Ligue canadienne de hockey (LCH) — l’organisme qui chapeaute les trois ligues juniors du pays — de 1996 à 2019. « En 42 ans, il s’est probablement fait des amis dans plusieurs communautés », explique Taylor McKee de l’Université Brock. . « Il a tout traversé », ajoute le professeur Pegoraro.
Cela comprend une poursuite intentée contre la LCH en 2014 qui visait à faire reconnaître aux joueurs qu’ils étaient en fait des employés. Le procès a finalement été réglé en mai 2020, un mois avant le lancement du deuxième procès. Dans le premier, David Branch, qui s’opposait à cette reconnaissance, avait l’appui de la province. Le gouvernement de l’Ontario, dit Taylor McKee, ne veut peut-être pas perdre un allié en le mettant sous les projecteurs à cause des incitatifs.
Au cours de ses quatre décennies au pouvoir, David Branch a également pris des décisions progressistes sur la sécurité des joueurs, une approche qui pourrait lui valoir une opinion plus favorable du public, pense Taylor McKee. En 2012, l’OHL est devenue la première ligue junior majeure du pays à limiter les joueurs à 10 combats. En 2016, le plafond est passé à 3, alors qu’au Québec il se situait toujours à 10 combats, bien que la ligue ait laissé entendre que les combats seraient bientôt interdits.
Une « mafia »
Laurel Walzak, directrice du programme des médias sportifs à l’Université métropolitaine de Toronto, ne comprend pas pourquoi le gouvernement de l’Ontario n’est pas intervenu davantage dans les dossiers du hockey récemment. L’été dernier, le professeur torontois et 27 autres universitaires ont envoyé une lettre au ministre fédéral des Sports, entre autres, demandant aux politiciens canadiens d’en faire plus contre la violence et les abus sexuels au hockey.
« Les enfants et les jeunes adultes continuent d’être victimes de violence », déclare Laurel Walzak. Ce serait bien si l’OHL disait : « Nous réformons beaucoup de choses », mais nous ne le voyons pas. Les personnes au pouvoir en Ontario craignent-elles le pouvoir du sport? « Je ne sais pas », répond Laurel Walzak. Mais le sport est influent, poursuit-elle. « Le hockey, la façon dont il est gouverné, c’est comme une mafia. C’est le stéréotype d’une mafia. »
Cette histoire est soutenue par l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
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