[Chronique] Le sens des mots | Le devoir

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Lorsque le gouvernement Legault avait utilisé le bâillon pour forcer l’adoption du projet de loi 40 qui abolissait les commissions scolaires, l’opposition lui avait déjà reproché de vouloir transposer au réseau de l’éducation la centralisation que Gaétan Barrette avait imposée à celui de la santé. Le PLQ avait lui-même crié au « saccage de la Loi sur l’instruction publique ».

Sous prétexte que la participation aux élections scolaires était anémique, tout le réseau scolaire avait été bouleversé par ce projet de loi de 312 articles traitant d’une foule de sujets autres que la gouvernance, auquel le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait fait encore 80 amendements de dernière minute.

M. Roberge a plaidé que la création des nouveaux centres de services scolaires donnerait plus de pouvoir décisionnel aux directions d’école et aux parents, mais on lui a reproché de chercher plutôt à accroître son propre contrôle sur le réseau.

Il s’en est bien défendu. « Il ne s’agit pas de centralisation. Le directeur général sera le porte-parole du centre de services. Cette personne ne sera pas subjuguée ou dirigée par le gouvernement. Elle sera indépendante », a assuré M. Roberge.

Apparemment, cette indépendance était une erreur que le Premier ministre entend désormais corriger en puisant dans sa « réserve de courage ». Dans une interview avec La presse vendredi dernier, il expliquait que certaines décisions prises par les PDG avec le soutien des conseils d’administration lui déplaisent.

Il entend désormais se donner « plein pouvoir pour choisir » les PDG ou les virer sans tenir compte de l’avis des conseils d’administration, dont le rôle sera également réduit. Exactement ce dont Gaétan Barrette avait été accusé.

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Avec la loi 40, « les élèves pourront bientôt compter sur une vraie gouvernance scolaire locale, moins bureaucratique », a déclaré Jean-François Roberge. Dans les centres de services, les conseils d’administration, composés de parents, de membres du personnel ou de personnes du milieu, assureraient cette proximité.

L’appel à candidatures lancé par le gouvernement revendiquait « la capacité de contribuer à déterminer les grandes orientations du centre de services scolaire ». À condition qu’ils correspondent à ceux fixés au Québec, il fallait comprendre.

On comprend très bien que le gouvernement veuille obtenir le maximum de données concernant la performance du réseau et la réussite des étudiants. Doit-on comprendre des propos du premier ministre que les centres de services refusent de les transmettre au ministre ? Cela a toutes les apparences d’un prétexte pour achever l’entreprise de centralisation initiée par la loi 40.

Dans son interview à La presseM. Legault a mentionné la décision du centre de services scolaire des Pays-des-Bleuets, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, de fermer la moitié de ses maternelles de quatre ans sans en aviser le gouvernement.

Après avoir blâmé l’inexpérience du directeur général du centre, Patrice Boivin, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dû lui présenter ses excuses après avoir réalisé qu’il avait plus de 30 ans d’expérience dans le milieu scolaire, comme enseignant et comme gestionnaire.

Entre un nouveau ministre, sans doute plein de bonne volonté, mais qui débute dans l’enseignement, et un homme avec 30 ans d’expérience dans son coin de pays, qui est le mieux placé pour évaluer les moyens dont il dispose ?

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À l’impossible, personne n’est obligé, disait récemment M. Legault. Fallait-il comprendre que cette maxime ne s’appliquait qu’à lui ? En raison de la pénurie de main-d’œuvre, M. Drainville lui-même a admis qu’il serait incapable de respecter l’engagement sur la maternelle de quatre ans pris par la CAQ en 2018. Au pays des bleuets, les enseignants ne poussent pas non plus sur les arbres .

Depuis qu’il est premier ministre, il faut reconnaître que M. Legault a su puiser dans sa « réserve de courage » pour apporter les changements qu’il juge nécessaires, mais il semble parfois que les mots aient un sens différent. dans sa bouche, même qu’ils ont un sens contraire à celui qu’on leur donne généralement.

Ainsi, on a compris depuis longtemps que l’autonomie que revendique la CAQ au sein de la fédération canadienne n’est qu’une figure de style qui ne rime pas avec grand-chose. On voit maintenant que la décentralisation dont elle s’était faite l’apôtre signifiait exactement le contraire.

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