[Chronique] Action et animation | Le devoir


On ne peut certainement pas accuser le ministre de la Santé, Christian Dubé, de passivité ou de manque d’imagination. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il sorte un autre lapin de son chapeau.

Cependant, ne confondez pas action et agitation. On ne peut pas lui reprocher d’explorer de nouvelles pistes, même s’il y a des limites à l’innovation après une succession continue de rapports et de réformes, mais plusieurs de ses initiatives semblent surtout destinées à donner l’impression que le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour redresser la santé réseau, sans vraiment changer les choses.

On verra si la création de la nouvelle agence Santé Québec réussira à « secouer » les colonnes du temple, comme promis par M. Dubé, mais on voit mal à qui ou à quoi elle servira concrètement pour mesurer , de manière très subjective, le degré de satisfaction des utilisateurs des différents établissements, sinon pour nourrir sa passion pour les tableaux de bord, qui se sont multipliés depuis son arrivée à la Santé.

Ainsi, lors de leur passage à l’hôpital, chacun recevra un QR code qui lui permettra de répondre à un questionnaire en ligne. Qu’apprendrons-nous d’autre de ce genre de service de plaintes? Il peut certes être désagréable d’être accueilli par une infirmière ou un médecin qui ne semble manifester aucune sympathie, mais ce n’est généralement pas le problème. Ce qui irrite le plus les utilisateurs est bien connu : l’attente interminable aux urgences ou sur une liste d’opération.

Consultez simplement le site index-sante.caoù le trafic aux urgences et les temps d’attente dans chaque établissement sont affichés en temps quasi réel, vous savez donc où l’ambiance sera la plus sombre.

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Le ministre délégué à la Langue française, Jean-François Roberge, s’est réjoui de l’accueil positif réservé au message publicitaire comparant la situation précaire de cet oiseau « vraiment malade qu’est-ce que le faucon pèlerin avec celui des français au Québec. Il faut dire que les félicitations étaient plutôt rares durant les années qu’il a passées dans l’Éducation.

La prolifération des anglicismes dans la langue de tous les jours, chez les jeunes comme chez les moins jeunes, est certes inquiétante, et tout ce qui peut contribuer ne serait-ce qu’un peu à sensibiliser les Québécois au défi de la survie du français sur le continent nord-américain est le bienvenu.

Encore une fois, cependant, l’agitation ne doit pas prendre la place de l’action. M. Roberge a présenté l’annonce du faucon comme un avant-goût du plan qu’il doit dévoiler à l’automne. Il faut espérer qu’il sera plus structurant.

Lors de son entrée en fonction, son prédécesseur immédiat, Simon Jolin-Barrette, avait promis des « mesures vigoureuses ». On a vite compris qu’on ne lui avait pas permis d’aller aussi loin qu’il l’aurait souhaité et de présenter cette « nouvelle loi 101 » promise par la Coalition avenir Québec. Au fil des décennies, cependant, nous avons eu tout le loisir de mesurer les limites de la publicité et des incitations linguistiques.

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Il peut y avoir des moments où une action réelle est en fait un aveu d’impuissance, comme l’illustrent les annonces de la fonderie Horne qui ont été faites en grande pompe cette semaine.

Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, et sa collègue aux Affaires municipales, Andrée Laforest, ont semé la consternation et la colère chez les résidents du quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda, qui devront être relocalisés même si le gouvernement prétend toujours amener l’aluminerie à se conformer aux normes d’émission d’arsenic fixées par la Santé publique.

Le déménagement dans un nouveau quartier, dont l’emplacement n’est pas encore déterminé, pourrait s’étaler sur une période de cinq ans, a indiqué Mme.moi Laforêt. Selon ce qu’a expliqué son collègue de l’Environnement, les émissions d’arsenic auraient alors dû être limitées au seuil de 15 nanogrammes par mètre cube, ce qui réduirait de 45% le risque de cancer, et l’établissement aurait dû présenter un plan – sans échéancier – de les réduire à 3 nanogrammes.

Si le gouvernement a décidé d’ordonner la délocalisation, avec les drames humains que cela entraînera inévitablement, c’est parce qu’il ne croit pas vraiment que les émissions d’arsenic, et encore moins de plomb et de cadmium, pourront être réduites à un niveau acceptable dans un avenir prévisible.

Le dilemme est réel. Provoquer la fermeture de la fonderie provoquerait aussi un drame, dans une région où les emplois ne pleuvent pas, mais comment expliquer aux familles qui devront quitter leur foyer que le gouvernement agit pour leur bien plutôt que pour celui d’une multinationale dont les bénéfices se chiffrent en dizaines de milliards ? Un peu de chichi avec ça ?

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