Agression sexuelle : une victime condamne son agresseur 50 ans après les faits

Libérée par la mort de sa mère qui lui avait dit de ne pas parler et encouragée par le livre de Nathalie Simard, une victime d’agression sexuelle vient de voir son agresseur, l’ancien compagnon de sa sœur, être reconnu coupable d’actes remontant aux années 1970.
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L’accusé, aujourd’hui âgé de 69 ans, a été reconnu coupable d’attentat à la pudeur par le juge Stéphane Poulin fin février.
L’homme qu’on ne peut nommer pour protéger l’identité de la victime a vécu paisiblement entre les agressions survenues de 1972 à 1975 et la dénonciation de la victime, survenue 45 ans plus tard.
La plaignante est la sœur cadette de l’épouse de l’accusé à l’époque. Six événements sexuels se sont produits alors qu’elle avait entre 7 et 11 ans.
Agressions multiples
La première agression se produit au milieu d’un dîner familial, à la table de la salle à manger. Assis sur les genoux de l’accusé, ce dernier introduit sa main dans le sous-vêtement de la jeune fille pour toucher sa vulve.
D’autres épisodes d’attouchements, de cunnilingus et de pénétration digitale ont suivi.
Dans l’une des agressions, qui a lieu dans la salle de bain du logement de l’accusé, la jeune victime, qui avait environ huit ans à l’époque, est forcée de mettre le pénis de l’accusé dans sa bouche. Il éjacule rapidement, lui laissant « un goût dégoûtant » qu’elle décrira clairement au procès près de 50 ans plus tard.
Le juge Poulin a qualifié le témoignage de la femme de sincère. « Elle a témoigné sobrement et calmement. Parfois, elle révèle une certaine tristesse en lien avec les événements. Elle semblait transparente et honnête », a fait remarquer le magistrat dans sa décision.
Quant à l’accusé, sa défense attaquant la fiabilité de la victime et affirmant qu’il n’a aucun souvenir d’avoir eu des contacts avec la victime n’a soulevé aucun doute dans l’esprit du juge.
« La Cour ne croit pas l’accusé », affirme sans ambages le magistrat. « Il ne répond pas directement et honnêtement aux questions liées aux actes de nature sexuelle. Une impression de fausseté se dégage généralement de son récit.
Victime libérée
Le jugement précise que la victime avait déjà verbalisé les actes de son agresseur par le passé, mais qu’elle n’avait jamais porté plainte avant 2019.
Elle avait notamment révélé les attentats à sa mère, mais cette dernière lui avait alors dit « que son père ne devait pas être au courant ». A 18 ans, elle avait également parlé des gestes à sa sœur, l’accusée étant confrontée à cette dernière, mais le dossier n’était pas allé plus loin. En 2018, elle a également écrit à l’accusé via Facebook, un message resté sans réponse.
C’est après la thérapie que la victime a finalement fait le dernier pas.
« En 2019, sa mère est décédée et elle a lu le livre de Nathalie Simard, [ce] qui constituent deux événements qui l’ont poussé à aller plus loin dans le processus de dénonciation », écrit le juge Poulin dans sa décision.
Un mandat d’arrêt a finalement été délivré contre son agresseur en février 2021, 49 ans après la première attaque.
L’affaire reviendra devant le tribunal en avril prochain pour fixer une date pour les observations sur la peine.
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