[1947-2023] Le révolutionnaire du saut en hauteur Dick Fosbury est décédé


L’ancien athlète américain Dick Fosbury, champion olympique en 1968, qui a révolutionné le saut en hauteur avec une technique qui a fait école et porte désormais son nom, est décédé dimanche à 76 ans.

« C’est avec le cœur lourd que je dois annoncer que l’ami et client de longue date Dick Fosbury est décédé paisiblement dans son sommeil après une brève récidive de lymphome », a écrit lundi son agent, Ray Schulte, sur Instagram. « La légende de l’athlétisme laisse dans le deuil sa femme, Robin Tomasi, son fils, Erich Fosbury, et ses belles-filles Stephanie Thomas-Phipps de Hailey, Idaho et Kristin Thompson. La famille prévoit une « célébration de la vie » qui aura lieu dans les mois à venir », a-t-il ajouté.

Fosbury est entré dans l’histoire de l’athlétisme avec son célèbre fiasco. Une technique de saut en roulade dorsale, quand tous les autres athlètes utilisaient celles de la roulade ventrale ou du ciseau.

C’est en 1968 que le monde découvrit cet étrange oiseau planant dans le ciel de Mexico, où se déroulaient les Jeux. Son saut à 2,24 m, record olympique en prime, lui a valu l’or et la postérité d’une discipline dont il restera à jamais le grand révolutionnaire. Car si quelques années plus tôt, entraîneurs et observateurs lui prédisaient une fracture du cou plutôt que de conserver une médaille, son héritage reste palpable plus de 50 ans plus tard.

Dire qu’avant de faire preuve d’inventivité et de persévérance, Fosbury, né le 6 mars 1947 à Portland, Oregon, s’est décrit, dans son autobiographie Magicien de Foz (Le magicien de Foz), comme « l’un des pires sauteurs en hauteur de l’État »…

« Poétique, allitératif, contradictoire »

Sa persévérance, il la puise d’abord dans le plaisir de ces sauts à l’envers effectués dans son coin. Ce sont des moments d’évasion particulièrement rares pour l’adolescent, qui deux ans plus tôt a perdu son petit frère fauché par un camion, alors qu’ils roulaient à vélo. Un drame qui a conduit au divorce de ses parents quelques mois plus tard.

Alors Fosbury tourne le dos au bar comme on tourne le dos au chagrin. Et tant pis si la chute fait parfois mal sur le sable, à une époque où la mousse de caoutchouc n’est pas encore utilisée pour recevoir les corps.

Las de plafonner à 1,62 m avec des techniques de saut traditionnelles, le jeune homme s’essaie finalement à son back roll en 1963 lors du meeting sportif de Grant’s Pass dans l’Oregon, où il franchit 1,70 m, 1,76 m et 1,82 m en se fiant à son instinct. « Lorsque la barre a atteint une hauteur que je n’avais jamais atteinte auparavant, j’ai su que je devais faire quelque chose de différent. J’ai commencé à changer la position de mon corps : au fur et à mesure que la barre montait, je passais d’une position assise à une autre plus allongée sur le dos. J’ai amélioré mon record et terminé quatrième de la compétition. Ça a été le déclic », expliquait-il en 2018.

S’assurant d’abord que sa technique n’enfreint aucune règle, il la perfectionne et commence à se faire un nom le jour où Medford Mail-Tribune publie, en 1964, une photo légendée « Fosbury flops sur la barre (« Fosbury à l’envers sur la barre »).

Le saut de Fosbury — « Fosbury Flop en anglais – est né. « C’est poétique. C’est allitératif. C’est conflictuel », résume alors, avec un brin d’autodérision, celui que les journalistes décrivent comme « le sauteur en hauteur le plus paresseux du monde ».

Record olympique

Quatre ans plus tard, après avoir échappé de justesse à la guerre du Vietnam, il participe à la finale du concours de saut en hauteur aux Jeux de Mexico le 20 octobre. Quasi inconnu – et donc de tout, sauf favori – il décroche néanmoins la médaille d’or, un record olympique. en prime.

« Une fois dans les airs, je pouvais sentir l’espace entre mon corps et la barre. Je savais que j’avais passé la barre la plus haute de ma vie. Tout le stade a éclaté, c’était un grand moment. Je ne l’oublierai jamais », témoigne alors celui qui devient soudain une célébrité et en vient, sans vraiment s’en rendre compte, à bouleverser son sport.

En 1968, la « révolution » est partout, dans les guitares des Beatles, sous les pavés de France et sur les hauteurs de l’athlétisme. Le saut de Fosbury fait rapidement des émules : aux JO de 1972, qui couronnent pour la dernière fois un strider, le Soviétique Juri Tarmak, 28 des 40 participants en font leur technique.

« J’ai adapté un style désuet et je l’ai modernisé pour le rendre efficace. Je ne savais pas que quelqu’un d’autre dans le monde pouvait l’utiliser et je n’aurais jamais imaginé que cela révolutionnerait la discipline », a confié celui qui n’a pas réussi à se qualifier pour les Jeux de Munich après avoir dû mettre entre parenthèses sa carrière sportive pour ses études. en génie civil.

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